AUGMENTER LE TAUX DIRECTEUR, QUOI QU’IL EN COÛTE ?

AUGMENTER LE TAUX DIRECTEUR, QUOI QU’IL EN COÛTE ?

Le Maroc, semble-t-il, fait tout bien. C’est ce qui ressort globalement du dernier rapport du Fonds monétaire international, diffusé mardi, à l’issue des consultations de son Conseil d'administration de 2022 au titre de l'article IV avec le Maroc.

Deux principaux points retiennent l’attention. D’abord, les administrateurs du FMI sont satisfaits des efforts fournis par le Royaume pour améliorer son cadre de surveillance et de réglementation financière. Le Maroc met ainsi toutes les chances de son côté pour sortir de la liste grise du Groupe d'action financière (GAFI), l'organisme mondial de surveillance du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme. Autre point de satisfaction : le FMI a félicité le Maroc pour «sa réponse politique très forte» visant à atténuer l'impact social et économique des récents chocs négatifs liés à la guerre en Ukraine et la sécheresse. Surtout, l’institution appuie le resserrement de la politique monétaire initié en 2022 pour juguler l’inflation.

Une inflation qui, selon le Fonds, devrait diminuer progressivement pour s’établir à 4% en 2023 après 6,5% en 2022, «à mesure que le choc des prix des matières premières se dissipe progressivement et que l'orientation monétaire devient moins accommodante». Dit autrement, si tant est que l’on veut ramener l’inflation à 2% au cours des deux prochaines années, la détente observée sur les prix des produits énergétique et alimentaire devra être couplée à de nouvelles hausses du taux directeur, après les deux déjà effectuées par Bank Al-Maghrib pour le porter à 2,5%.

Le durcissement de la politique monétaire suffira-t-il cependant à ramener l’inflation à ce seuil (2%), surtout qu’en 2024 il est prévu la décompensation des prix des produits subventionnés (gaz butane, farine et sucre), ce qui va forcément alimenter les tensions inflationnistes. De plus, pour le FMI, un resserrement de la politique monétaire plus rapide que prévu aux États-Unis et dans la zone Euro pourrait durcir davantage les conditions financières et ajouter des pressions à la dépréciation du Dirham, ce qui pourrait encore alimenter l'inflation.

Bref, l’horizon est clair-obscur. La question est maintenant de savoir si BAM va adopter la même posture que la BCE qui a l’intention d’augmenter ses taux d’intérêt «significativement, à un rythme soutenu, pour atteindre des niveaux suffisamment restrictifs». Jusqu’où BAM est-elle prête à porter le taux directeur ? Et quel sera le prix à payer en termes de croissance ?

 

Par F.Z Ouriaghli

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