L’ascenseur social est-il en panne au Maroc ? A l’évidence oui. La plupart des citoyens ont l’amer sentiment qu’ils sont en marge du processus de développement économique du Royaume. Pourtant, le gouvernement clame toujours haut et fort son penchant… pour le social. Qui n’est pas forcément visible et palpable au sein de la communauté.
Dire qu’il fait preuve d’inertie serait cependant exagéré. Beaucoup de mesures ont en effet été mises en place, mais la politique sociale au Maroc semble pâtir d’un déficit de gouvernance, lié en partie à la déperdition des forces due au manque de coordination et de cohérence de certaines actions initiées, mais aussi à une certaine forme de laxisme.
Dès lors, les milliards de dirhams investis dans le social donnent la vague impression d’un gâchis de l’argent public, eu égard notamment aux résultats enregistrés. Conséquence : la frustration sociale atteint son paroxysme, comme en témoignent les agitations qui ont eu lieu il y a quelques mois dans les provinces de Jerada et Al Hoceima. Les populations sont descendues dans la rue pour réclamer plus de justice sociale et que leurs conditions de vie soient améliorées.
C’est d’ailleurs ce que souligne le rapport 2017 du Conseil économique, social et environnemental : «les mouvements sociaux enregistrés durant la période récente ont montré que la pauvreté, le chômage des jeunes, l’exclusion et les inégalités sont de plus en plus vécus comme des injustices par la population».
D’où la nécessité d’opérer un virage social important, pour être en phase avec les directives royales contenues dans le discours du Trône. Cet impératif, l’Exécutif l’a visiblement intégré dans sa note de cadrage portant sur l’élaboration du projet de Loi de Finances 2019 et adressée aux différents départements ministériels en août dernier.
Reste à savoir comment ce cap social sera décliné au niveau du PLF 2019 et s’il satisfera aux besoins et attentes de la population, compte tenu notamment de la nécessité de préserver les fameux équilibres macroéconomiques. ■