Parmi les secteurs les plus concernés par la lutte contre le changement climatique, il y a celui du transport et de la logistique, considéré comme un vecteur majeur d’émissions de gaz à effet de serre.
Avec 23% des émissions de GES du total national, ce secteur n’a d’autres choix que de se mettre à niveau sur le plan environnemental. Il doit relever deux défis : faire une transition vers un transport durable et contribuer à atteindre les objectifs sur lesquels le Maroc s’est engagé dans le cadre de l’Accord de Paris.
A l’approche de la grand-messe climatique qui se tiendra en novembre prochain à Marrakech, la mobilisation des différentes composantes de la société est de plus en plus forte, y compris celle du secteur privé appelé à jouer un rôle déterminant dans l’aboutissement de l’Accord de Paris. Parmi les secteurs les plus concernés, celui du transport et de la logistique, considéré comme un vecteur majeur d’émissions de gaz à effet de serre (GES).
En effet, le secteur, qui dépend à 99% des produits pétroliers importés, émet 23% du total national de GES. L’implication des opérateurs du secteur dans le processus d’atténuation et d’adaptation n’est donc pas un choix, mais une obligation, eu égard aux enjeux auxquels devra faire face le Maroc.
D’une manière globale, la contribution du secteur du transport et de la logistique dans le processus de développement durable est la condition sine qua non pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris, celui de limiter le réchauffement climatique à 2°C.
Cette question a fait l’objet d’un débat organisé récemment par la Fédération du transport de la CGEM à l’Institut supérieur de transport et logistique, au profit des étudiants. Un débat animé par des experts en la matière qui ont rappelé l’impératif d’agir pour réduire les émissions et l’urgence de s’inscrire dans un processus de transition vers un transport durable. Car si rien n’est fait, la part des émissions du secteur augmentera pour deux raisons.
D’une part, l’augmentation du nombre de véhicules en circulation d’environ 6% (3,6 millions en 2015 contre 3,4 millions en 2014), du vieillissement du parc (15 ans pour les voitures et 20 ans pour les utilitaires) ainsi que de son mauvais entretien. Et d’autre part, la diésélisation du parc automobile marocain (70% du parc) due au prix avantageux du diesel, beaucoup plus polluant que l’essence sans plomb. Il faut donc agir sur ces aspects pour atteindre un double enjeu : développer un transport durable respectueux de l’environnement et accompagner le Maroc dans sa démarche de lutte contre les changements climatiques. Car, faut-il rappeler que le Royaume s’est engagé dans le cadre de l’Accord de Paris à réduire de 13% ses émissions de GES d’ici 2030, voire même de 32% avec un appui financier international, l’équivalent de 401 millions de tonnes de CO2 entre 2020 et 2030.
C’est pourquoi la mise à niveau environnementale du secteur s’impose plus que jamais non seulement pour atteindre ces objectifs mais également pour la survie des entreprises de transport et de la logistique. Hanan Hanzaz, vice-présidente de la Commission énergie, climat et économie verte de la CGEM, a en effet rappelé que les changements climatiques constituent un risque majeur pour les entreprises qui doivent les prendre en compte dans leurs stratégies.
Les entreprises sont donc obligées de s’y mettre car en prenant des engagements au niveau international, le Maroc implique directement et indirectement son secteur privé à prendre part à cette lutte avec tout ce que cela implique en termes d’engagements et de mobilisation.
La COP22 sera l’occasion de soulever les problèmes liés à ce secteur, mais aussi de trouver des solutions concrètes pour aller vers un transport durable. D’ailleurs, les opérateurs du secteur se préparent pour présenter, lors de cet événement, des projets mûrs et bancables pour pouvoir bénéficier des financements climatiques qui seront mis à la disposition des pays en voie de développement.
L. Boumahrou
Initiatives timides
Les pouvoirs publics ont mis en place certaines initiatives dans ce sens mais qui n’ont pas abouti ou sont encore en cours de réalisation. Parmi ces mesures, celles prévues dans le contrat-programme pour le développement de la compétitivité logistique du Maroc signé en 2010. Entre autres ses objectifs, la réduction de 35% des émissions de CO2 émises par les moyens de transport à l’horizon 2015, et la diminution de 30% du nombre de tonnes kilomètres pour contribuer à décongestionner les routes et les villes marocaines. Aussi, le gouvernement a-t-il lancé en 2013 un programme de renouvellement du parc des véhicules de transport routier : le transport de marchandises et celui des voyageurs. Concernant le premier volet, toujours en cours de réalisation, les enveloppes budgétaires allouées ne sont pas très incitatives, ce qui explique en partie le non-aboutissement des objectifs escomptés.