Si on n'augmente pas de manière significative l'utilisation de l'énergie nucléaire dans le monde, il sera difficile d'atteindre l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de lutte contre le changement climatique, a déclaré lundi le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Cornel Feruta, le Directeur général par intérim de l'agence, s'exprimait à Vienne, à l'ouverture de la toute première conférence internationale sur le changement climatique et le rôle de l'énergie nucléaire.
Cette conférence a réuni quelque 550 participants de 79 pays et 18 organisations internationales pour échanger des informations scientifiques et discuter du rôle que peut jouer l'énergie nucléaire dans l'atténuation de la crise climatique.
L'AIEA a souligné que l'énergie nucléaire représentait environ un tiers de toute l'électricité à faible intensité de carbone, ne produisant pratiquement pas de gaz à effet de serre, et environ 10% de l'électricité totale produite dans le monde.
L'AIEA a toutefois reconnu que l'opinion publique était toujours préoccupée par les dangers potentiels pour la santé et l’environnement causés par les déchets radioactifs des centrales nucléaires.
M. Feruta a déclaré que les progrès réalisés en matière d’élimination de ces déchets pourraient atténuer les craintes quant à la durabilité à long terme de cette source d'énergie.
Lors de la conférence, Liu Zhenmin, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales, a repris à son compte les propos de M. Feruta et a déclaré que le problème des déchets radioactifs était une "question non résolue", à laquelle il fallait trouver une réponse.
Les coûts initiaux élevés de l'énergie nucléaire restent un problème important, a poursuivi M. Zhenmin, tandis que les prix des énergies renouvelables, telles que le solaire et l'éolien, continuent de baisser, devenant de plus en plus compétitifs par rapport aux sources classiques à base de combustibles fossiles.
M. Feruta et M. Zhenmin ont tous deux évoqué les travaux du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) chargé de fournir des rapports scientifiques objectifs sur le changement climatique. Ces rapports ont montré que de profonds changements dans la manière de produire de l'énergie doivent avoir lieu si nous voulons limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels.
Dans ses différents modèles d’avenir énergétique durable, le GIEC a prévu une augmentation significative de la production d’énergie nucléaire d’ici 2050, allant d’une augmentation de 59% à 501%.