Le Maroc fait face à un défi de taille en matière de gestion des déchets des équipements électriques et électroniques (DEEE), un secteur en pleine expansion. En 2020, le pays a généré 150.000 tonnes de ces déchets, un chiffre qui devrait atteindre 213.000 tonnes d'ici 2030, soit un taux de croissance annuel de 3,5%. Cependant, seulement 16.000 tonnes de ces déchets ont été recyclées, représentant un taux de recyclage de 13%, selon le Conseil économique, social et environnemental (CESE).

Les e-déchets, composés de métaux complexes et de substances chimiques nocives telles que le plomb, le mercure, le cadmium et le chrome, sont une source majeure de pollution environnementale. Les effets néfastes de ces substances sur la santé humaine sont encore mal compris, mais il est urgent de les étudier pour éviter des risques graves pour les populations. La combustion ou l'incinération des appareils électroniques libère des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) cancérigènes, augmentant le risque de cancer du poumon pour les personnes vivant à proximité des usines de traitement. Au Maroc, la gestion des e-déchets reste insuffisante.

Une grande partie de ces déchets est exportée vers des pays en développement, notamment en Afrique, où ils sont souvent recyclés de manière artisanale et dangereuse. Cette pratique expose les femmes enceintes et les enfants à des dangers neurotoxiques graves. Les experts soulignent la nécessité de créer un écosystème spécifique pour la gestion des e-déchets. Il existe une volonté nationale de valoriser ces déchets, notamment par la réparation des ordinateurs et leur distribution dans les écoles rurales et les associations.

De plus, la récupération des éléments de fabrication de certains appareils, tels que le fer, le plomb et le cuivre, pour le recyclage est encouragée. Vers une gestion réglementée Pour répondre à ce défi, il faut mettre en place une gestion réglementée des e-déchets, couvrant l'ensemble de la chaîne, de la collecte à l'élimination en passant par le traitement et la valorisation. En 2016, le volume mondial des e-déchets était estimé à près de 45 millions de tonnes, un chiffre qui est passé à près de 53 millions de tonnes en 2021.

Toutefois, environ 80% de ces déchets ne sont pas comptabilisés. La production et la consommation croissantes d'équipements électriques et électroniques posent des risques significatifs pour l'environnement et la santé publique. Cependant, ils constituent également une source précieuse de matériaux recyclables pouvant bénéficier à l'économie locale et au développement durable.

Au Maroc, il est essentiel d'améliorer les infrastructures et les processus de recyclage pour faire face à l'augmentation prévue des e-déchets et pour protéger à la fois l'environnement et la santé des citoyens. La gestion des e-déchets au Maroc est un enjeu crucial qui nécessite une approche intégrée et réglementée. Avec des efforts concertés pour améliorer les pratiques de recyclage et sensibiliser les populations aux risques sanitaires et environnementaux, le Maroc peut transformer ce défi en une opportunité de développement durable et de protection de l'environnement.