La quantité de déchets produits chaque année dans le monde est en constante augmentation. Quelle stratégie le Maroc adopte-t-il pour une gestion efficace des déchets ?
Par K. A
Face à l'urbanisation accélérée et à l'impact de la mondialisation, le Maroc, comme de nombreux pays, est confronté à une augmentation alarmante de la production de déchets. Selon la Banque mondiale, le volume mondial de déchets pourrait atteindre les 3,4 milliards de tonnes d'ici 2050. Ces chiffres sont d'autant plus inquiétants lorsque l'on considère que chaque habitant produit en moyenne 0,74 kg de déchets par jour. Cette production varie fortement d'un pays à l'autre, oscillant entre 0,11 kg au Lesotho à 4,50 kg aux Bermudes.
Paradoxalement, bien que les pays développés ne représentent que 16% de la population mondiale, ils génèrent 34% des déchets de la planète. Une tendance qui s'amplifie avec l'urbanisation croissante. L'enjeu du plastique est également préoccupant. L'OCDE a révélé que la production de déchets plastiques a doublé en deux décennies. Encore plus alarmant, une grande partie de ces déchets n'est pas correctement gérée, avec seulement 9% recyclés. Ainsi, l'urgence ne concerne pas uniquement le volume, mais aussi la qualité de la gestion de ces déchets. En Afrique subsaharienne, les défis sont encore plus marqués.
Les pays de cette région pourraient voir tripler la masse de leurs déchets, atteignant plus de 516 millions de tonnes contre 174 aujourd’hui. C'est un défi majeur, d'autant plus que ces nations disposent de faibles infrastructures pour gérer cet afflux. Le Maroc, bien qu'en plein essor, n'est pas isolé de ces défis. Confronté à une urbanisation rapide et une population estimée à plus de 36 millions d'habitants, le Royaume affronte des défis similaires à l'échelle globale en matière de gestion des déchets. Malgré l'influence de la hausse du niveau de vie et de la croissance démographique, le Maroc se distingue par des initiatives notables et a déjà pris des mesures significatives pour gérer ses déchets.
Sur ce point, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, a mis en avant les efforts entrepris par le pays. Elle a déclaré lors d’une séance parlementaire que «le programme national de gestion des déchets ménagers et assimilés (PNDM) a permis d’augmenter le taux de traitement des déchets ménagers à 63%, contre 10% avant 2008». De plus, 67 décharges non autorisées ont été réhabilitées, dont 44 d'entre elles déjà fermées avec succès.
«La Stratégie nationale pour la réduction et la valorisation des déchets a dressé un bilan du secteur, en prenant en compte les caractéristiques propres à chaque région. Dans certains endroits, la part des déchets organiques monte jusqu'à 70%, compliquant ainsi leur recyclage et valorisation en l'absence de tri à la source. Afin de concrétiser cette stratégie, un plan national a été instauré. Celui-ci inclut notamment une responsabilité accrue des producteurs pour le traitement de leurs produits devenus déchets, ainsi que l'introduction du tri à la source grâce à des accords de gestion déléguée associant communes, entreprises et entités de développement local. Le plan prévoit aussi la mise en place de plateformes pour la gestion des déchets, y compris les déchets dangereux, au sein des zones industrielles et des zones franches», a-t-elle ajouté. En parallèle à ces efforts, la ministre a également annoncé l'élaboration de 53 plans directeurs pour la gestion des déchets. «Ces projets nécessiteront un financement global de 21 milliards de dirhams», a-t-elle précisé.
Au-delà des chiffres, la gestion des déchets médicaux est aussi une préoccupation, sachant que «le Maroc a produit 22.600 tonnes de tels déchets en 2021, dont 7.647 tonnes considérées comme dangereuses», d’après les dernières statistiques du HCP. Face à tous ces enjeux, le Maroc s'affirme comme un pays résolument tourné vers l'avenir, conjuguant croissance et développement durable. Les efforts réalisés et ceux à venir témoignent de l'engagement du Royaume à bâtir un avenir où la croissance économique et la protection de l'environnement marchent main dans la main.