Alors que le monde cherche des réponses urgentes aux crises environnementales, économiques et sociales, le Forum de Paris pour la paix à Benguerir a offert une plateforme pour discuter de ces défis et explorer des solutions collaboratives.
Par D.Mde
La réunion de printemps du Forum de Paris sur la paix s'est tenue pour la première fois en dehors de l’Europe, au Maroc. Le Forum de Paris sur la paix est une organisation française à but non lucratif qui se consacre à l'amélioration de la coordination mondiale et à la recherche de solutions pour les problèmes globaux.
Le thème de cette année était «Transitions équitables», mettant l'accent sur les questions du changement climatique, des crises sanitaires et des conflits géopolitiques, offrant une plateforme pour des discussions nord-sud riches et productives sur les transitions justes.
La journée a été marquée par de nombreuses discussions sur l'équilibre entre la protection du climat et le développement. Les participants ont exprimé leurs inquiétudes face à la baisse des ressources consacrées à ces objectifs, en particulier les ressources concessionnelles qui ont diminué avec la crise du Covid-19. Le coût élevé du capital en Afrique, qui rend les investissements plus chers comparés à d'autres régions du monde, a également été un sujet de préoccupation.
Sur la problématique du changement climatique, la question centrale abordée était de savoir si les pays africains, qui ne produisent pas de grandes quantités de CO2, doivent changer leur modèle économique dans le cadre de cette transition. Pour les experts présents, la réponse est non, mais la transition doit être juste et globale, impliquant une ingénierie politique complexe pour passer d'une économie carbonée à des systèmes plus équitables. Le sujet du renforcement de la coopération Nord-Sud pour résoudre la crise climatique et promouvoir le développement a également été abordé. Il a été souligné que les dépenses militaires surpassent largement l'aide financière et que cela n'est pas viable, surtout compte tenu des menaces existentielles auxquelles le monde est confronté.
Le fondateur de la Fondation Mo Ibrahim, Mo Ibrahim, a déclaré que le changement climatique affecte de manière disproportionnée l'Afrique, et a plaidé en faveur d'une taxe mondiale sur le carbone et d'une responsabilisation des pays les plus polluants. Lionel Zinsou, co-fondateur de South Bridge et ancien Premier ministre du Bénin, a reconnu les défis et progrès africains, plaidant pour un investissement privé accru et une perception ajustée des risques.
Rémy Rioux, Directeur général de l'Agence française de développement (AFD), a pour sa part évoqué l'importance d'un nouveau cadre combinant financements publics et privés pour des actions climatiques justes. Un autre point important a été la nécessité de renforcer la coopération internationale pour faire face aux crises sanitaires mondiales. En effet, il ressort des analyses que les pays du Nord ont un accès beaucoup plus facile aux ressources médicales et aux vaccins, tandis que les pays du Sud sont laisséspour- compte. Il a été proposé de mettre en place des mécanismes de partage équitable des ressources médicales et de renforcer les capacités de production dans les pays en développement.
Le thème des conflits géopolitiques a également été abordé, révélant l'importance de promouvoir la diplomatie et le dialogue pour résoudre les différends. La création d'un environnement propice à la paix et à la stabilité nécessite une collaboration multipartite et une volonté de tous les acteurs internationaux de travailler ensemble. Enfin, évoqués lors des discussions, les résultats des récentes élections en Europe ont suscité des inquiétudes quant à la montée de l'extrême droite et le repli nationaliste, surtout en ce qui concerne la coopération internationale nécessaire pour traiter les biens publics globaux.
Clôturant les discussions, Nadia Fettah, ministre marocaine de l’Economie et des Finances, a souligné l'importance de donner aux pays en développement une voix plus forte dans les décisions mondiales, citant l'inclusion récente de l'Afrique au G20 comme une étape positive, mais insuffisante pour un changement significatif. Elle a appelé à une mise en œuvre plus rapide et plus cohérente des réformes financières pour soutenir des «transitions justes».