Le marché des financements verts au Maroc stagne malgré un cadre réglementaire développé.
La BERD insuffle une nouvelle dynamique.
Par A. Hlimi
L’avènement de la crise sanitaire a chamboulé les priorités des acteurs économiques et des banques, financeurs de l’économie. Ces dernières se sont ruées sur le marché obligataire et la dette subordonnée pour maintenir leurs équilibres financiers et faire face au choc économique de 2020. Naturellement, la «dette verte» a été reléguée au second plan, et ce marché en plein boom avant la Covid avec plus de 4 Mds de dirhams d’encours, s’est tout à coup calmé.
Un cadre réglementaire aux meilleurs standards Le cadre réglementaire national pour ce type d’émissions est aux meilleures normes internationales. Dès 2016, l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) publiait le tout premier guide en Afrique sur les Green bonds. Un peu plus tard, le régulateur du marché éditait un guide des «Sustainability bonds» (obligations durables), afin d’encourager le développement du marché des instruments financiers durables.
Cet activisme «vert» a valu à l’AMMC de participer dans des groupes de travail internationaux dédiés à la finance verte, notamment en sa qualité de membre et co-président du Sustainable Banking Network. Sur un autre registre plus économique, l’Autorité nationale marocaine de régulation de l’énergie a approuvé le tout premier code du réseau électrique du pays en 2021, étape clé dans la libéralisation du secteur de l’électricité et le développement de nouvelles capacités renouvelables, de l’avis des professionnels.
Une dynamique positive de la BERD
Si le marché obligataire vert se tasse, le financement bilatéral continue de connaître une bonne dynamique. C’est le cas de la BERD qui a réalisé au Maroc en 2021 un investissement total de 211 millions d’euros dans 10 projets, dont la moitié sont des financements verts. Une première ! La BERD a fourni 88 millions d’euros aux banques partenaires pour aider les petites et moyennes entreprises (PME) et les sociétés à investir dans les technologies d’atténuation et d’adaptation au changement climatique.
Un prêt de 6 millions d’euros à Lamatem, producteur marocain de vêtements médicaux haut de gamme, a été le premier projet de la BERD à bénéficier d’une garantie de partage des risques de la part de l’Union européenne (UE), dans le cadre de son programme de Fonds européen pour le développement durable. Celui-ci aide à répondre aux besoins en liquidités à court terme dans le contexte du relèvement de la pandémie. Dans le contexte de ce même programme, la BERD a également accordé un prêt de 10 millions d’euros au fabricant panafricain de matelas Dolidol, pour financer un projet de recyclage visant à transformer les bouteilles usagées en polytéréphtalate d'éthylène (PET) en fibres de polyester pour les produits de literie.
Durant l'année écoulée, la BERD a continué de promouvoir l’intégration régionale en participant à une obligation liée à l’environnement, au social et à la gouvernance émise par l’équipementier automobile Faurecia, pour financer ses opérations au Maroc et soutenir son objectif de devenir neutre en carbone d’ici à 2025. Ces bons résultats font suite à l'engagement pris par la Banque d’aligner tous ses investissements, d’ici à la fin de l’année, sur les objectifs de l’Accord de Paris qui vise à limiter le changement climatique. «Cette relation entre le Royaume et la BERD continuera de prendre de l'ampleur, puisqu'en 2022, le Maroc accueillera pour la première fois l’Assemblée annuelle de la BERD à Marrakech les 10, 11 et 12 mai», se félicite l’institution.