Développement durable

Tous les articles

Fellah online : Compensation

Fellah online : Compensation

 

 

Avec le creusement du déficit public, la question de la réforme de la Caisse de compensation se pose avec acuité. C’est un poste qui pénalise lourdement les finances de l’Etat. La hausse des prix des matières premières, surtout des produits subventionnés, en l’occurrence les hydrocarbures, le blé et le sucre, rend difficile de maintenir en l’état le système actuel. Aucun gouvernement n’a eu le courage de prendre le taureau par les cornes et d’instaurer des mesures qui peuvent être, certes douloureuses dans un premier temps, mais salutaires pour tout le Maroc pour les années à venir. 

L’Exécutif semble hésiter avant d’entamer sa réforme. La presse relate des déclarations des responsables qui seront vite démenties par la suite. Il s’agit d’une tactique très ancienne qui consiste à tâter le pouls de l’opinion publique, avoir une idée sur ses réactions préliminaires et, par la suite, agir en fonction des événements.

Il est clair que cette réforme a pris énormément du retard. Mais cela n’empêche qu’il est pertinent de prendre les précautions nécessaires avant d’entamer les prochaines démarches.  Certains produits comme le sucre et le pain sont fortement consommés au Maroc. Chaque hausse des prix peut être lourde de conséquences. L’on se rappelle les émeutes de Casablanca en 1981 qui se sont soldées par des centaines de victimes. Driss Basri, l’ex-puissant ministre de l’Intérieur, avait parlé à l’époque, de « chahid koumira», une phrase qui a une forte connotation historique. Depuis cette époque, notre pays a beaucoup changé, surtout dans la forme, mais dans le fond, le Marocain a gardé ses réflexes impulsifs et versatiles.

A travers la réforme de la compensation, le Chef de gouvernement peut risquer son portefeuille électoral, mais il gravera à jamais son mandat par l’une des plus importantes décisions politiques de l’histoire du Maroc moderne. Les générations futures seront gagnantes dans toute l'histoire.

On a toujours peur du volet social, mais l’Etat disposera plus de moyens budgétaires pour jouer son rôle de régulateur et de meilleur distributeur des richesses.

L’idée de s’inspirer des expériences réussies dans le monde en matière de soutien social direct est une bonne chose. L’expérience du Brésil, du Chili ou de l’Iran est évoquée, mais il est toujours pertinent de prendre en considération les spécificités marocaines. Dans ces pays, il n’y a ni mouqadem, ni cheick, ni agent d'autorité zélé.

Le choix de la population cible pour bénéficier de l’aide directe, le mode de distribution, le respect des conditions exigées seraient des défis certes difficiles mais qui ne sont pas impossibles à relever.

Le risque de fraude, de détournement et de falsification est omniprésent, mais c’est un mal inévitable. La réforme de la compensation est un investissement dans le futur. Il permettra d’épargner l’argent du contribuable qui pourra servir à une vie saine et plus décente, surtout pour les personnes dans des situations précaires.

 

c.jaidani@financenews.press.ma

 

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux