L’entrée en vigueur de l’Accord de Paris en moins d’un an marque un tournant majeur dans le processus des négociations climatiques.
Cet aboutissement historique n’est pourtant pas une fin en soi mais le début d’un long processus de mise en œuvre qui requiert plus d’efforts, d’engagement et de mobilisation générale. Les COPistes se frottent les mains !
Le 4 novembre 2016 est un jour historique qui restera gravé dans la mémoire de l’Humanité. Un jour qui marque un tournant majeur dans les questions climatiques avec l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris en moins d’une année après son adoption. Une première aussi puisque jamais un accord n’a été ratifié en un si peu de temps. Un exploit, comme le définissent les experts en climat, qui est l’aboutissement d’un long processus de négociations complexes qui a démarré depuis plus de 20 ans pour atteindre enfin le résultat escompté. Cet exploit a été rendu possible grâce à la volonté politique des puissances mondiales qui se sont engagées à trouver une solution à l’une des plus graves mena- ces de la planète. Une menace inévitable dont les conséquences pourraient conduire à une inertie aveugle. L’entrée en vigueur rapide de cet Accord universel donne ainsi une lueur d’espoir aux Etats les plus touchés. Il témoigne aussi de la détermination de tous à s’engager en faveur d’une action décisive contre un fléau qui constitue un risque non seulement pour les pays en voie de développement mais également pour les pays émergents. Pour commémorer ce jour historique, plusieurs monuments emblématiques au Maroc (Bassin et jardins de la Ménara à Marrakech…) en France (Arc de Triomphe, Tour Eiffel, ChampsElysées…) comme partout à travers le monde ont été éclairés aux couleurs du «sourire pour la planète». Par ailleurs, la mobilisation des Etats continue puisqu'au 7 novembre, 100 pays ont déjà ratifié l’Accord. Mais ce qui n'est guère suffisant. La présidente de la COP21, Ségolène Royal, a d'ailleurs lancé lors de la cérémonie d’ouverture de la COP22 un appel aux 93 pays qui n’ont toujours pas ratifié l’Accord de Paris pour qu’ils le fassent avant la fin de cette année. Car, pour atteindre les objectifs fixés, il faut que tout le monde embarque dans le même navire.
Le travail ne fait que commencer
Dans cette euphorie, il ne faut surtout pas oublier que tout n’est pas gagné, car c’est maintenant que les choses sérieuses vont commencer. C’est aussi maintenant que les Etats doivent honorer leurs engagements aussi bien d’atténuation que d’adaptation. L’entrée en vigueur de l’Accord n’est pas une fin en soi mais le début d’un processus de mise en œuvre qui requiert plus d’efforts, de bonne foi et, surtout, de beaucoup de volonté de la part des gouvernements, du secteur privé, de la société civile, de la communauté scientifique… Aussi bien la présidence marocaine que française appellent toutes les parties prenantes à persévérer dans cette dynamique et à garder le niveau de mobilisation pour gagner la guerre contre les changements climatiques. Vivre dans un monde où règnent justice climatique et paix est le rêve de tout un chacun. Un rêve qui pourrait devenir réalité à condition que tout le monde applique l'accord afin de limiter le réchauffement mondial en dessous de 2°C et éviter ainsi un basculement climatique dangereux et irréversible. C’est pour cette raison que tous les projecteurs sont braqués sur Marrakech où sera décidée la feuille de route de mise en œuvre de l’Accord. «La COP22 doit marquer un changement de cap et de dynamisme pour accélérer le processus de mise en œuvre», a récemment déclaré Salaheddine Mezouar, président de la COP22. Et d’ajouter que cette entrée en vigueur est certes un message politique fort de la communauté internationale en faveur du climat, mais ce n’est que le début car cet Accord ne résout pas toute l’équation. Une équation qui doit être résolue lors de la COP22 par l’accélération de l’élaboration des règles de transparence et l’émergence de la feuille de route financière des pays développés pour la mobilisation de 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020 pour soutenir l'action climatique dans les pays en développement.
L. Boumahrou