La production d’énergie s’est consolidée, en glissement annuel, de 2,7% à fin novembre 2016.
Elle n'a pourtant pas suffi pour couvrir l'augmentation de la consommation, ce qui a entraîné une hausse des importations.
Pour réduire sa dépendance de l’extérieur et garantir sa sécurité énergétique, le Maroc a fait le choix de mettre les énergies renouvelables au cœur de sa politique énergétique. Une politique qui commence à donner ses fruits, puisque l’énergie électrique verte est désormais dans notre réseau. En effet, selon la dernière note de conjoncture de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), la production d’énergie s’est consolidée, en glissement annuel, de 2,7% à fin novembre 2016. Une progression favorisée principalement par les projets développés dans le cadre de la loi 13-09 relative aux énergies renouvelables de 38,4% ainsi que par la production privée de 3,1%. La production de l’énergie d’origine thermique et éolienne a également connu une hausse de respectivement 7,3% et 5,8 %, alors que celle de l’ONEE a stagné. Quant à celle d’origine hydraulique, elle a baissé de 25,8% par rapport à la même période de l’année 2015. Toutefois, cette performance de la production, contrairement à ce qui était prévu, n’a pas eu d’impact sur les importations de l’énergie électrique qui ont cru de 6,5%, entraînant ainsi l’augmentation de l’énergie nette appelée (ensemble des quantités d’énergies mises à la disposition de la consommation nationale) de 3,2% au terme des onze premiers mois de 2016.
Interpellé sur ce paradoxe, Amine Bennouna, professeur à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech, nous affirme que l’augmentation légère de l’importation par rapport à sa valeur de l'année précédente, après avoir substantiellement baissé, ne comporte rien d’alarmant. «Je n'y vois aucun paradoxe; cela veut seulement dire que l'augmentation de la production n'a pas suffi pour couvrir l'augmentation de la consommation», précise notre expert.
En effet, la croissance de la consommation électrique du Maroc connait une progression de l’ordre de 6% par an et qui devrait se poursuivre jusqu’en 2030.
Mais la question qui s’impose : la stratégie énergétique marocaine va-t-elle réellement permettre au Maroc de réduire ses importations d'énergie électrique et, par conséquent, de réduire le déficit de la balance commerciale ?
Selon Amine Bennouna, après 2018 et la mise en service de la centrale thermique de Safi, le Maroc n'aura plus besoin d'importer. «Mais il n'empêche que l'interconnexion est une opportunité commerciale. Acheter de l'électricité bon marché est à la base de l'utilisation de la station de transfert d'énergie par pompage (comme celle d'Afourer)», a-t-il précisé.
En effet, l’interconnexion figure dans la politique énergétique du Royaume. D’autant plus que l'objectif «importation zéro» n'est pas une bonne option pour la diversification du mix électrique, comme le précise notre expert. Qui ajoute que «se donner le choix d'importer est un plus et l'interconnexion (re)devient l'opportunité commerciale qu'elle devait être. Etre contraint à importer (comme nous l'avons fait entre 2007 et 2013) est une autre affaire ! ».
Par L. Boumahrou
Augmentation de la consommation
Parallèlement, la consommation de l’énergie électrique s’est améliorée de 3,3% durant les deux premiers mois du quatrième trimestre 2016. Une hausse tirée par la consommation de l’énergie de très haute, haute et moyenne tension de 4%, en lien avec l’augmentation de celle des distributeurs de 2% et de celle des autres abonnés, utilisée principalement par le secteur manufacturier de 6,6%, conjuguée à la légère hausse de celle de basse tension de 0,9%, selon la DEPF. Le volume des ventes de l’énergie électrique a ainsi progressé de 2,1% à fin novembre 2016 après une augmentation de 2% un an plutôt, tiré par le renforcement de la consommation de l’énergie de haute, très haute et moyenne tension de 1,5% et de celle de basse tension de 3,8%.