Le Maroc doit relever un double défi : absorber le chômage des jeunes et lutter contre les effets des changements climatiques. Malgré un gisement important, la promotion des emplois verts reste très timide.
La situation des jeunes au Maroc est de plus en plus inquiétante. Inadéquation entre formation et offre d’emploi, iniquité sociale, manque de visibilité etc., les jeunes âgés de 15 à 24 ans sont les plus touchés par le chômage qui atteint 23% pour un taux national qui frôle 10%.
Paradoxalement, les nouveaux gisements d’emplois n’arrivent malheureusement pas résorber le chômage, ni à en renverser du moins limiter la tendance haussière. Parmi ces gisements, figure l’emploi vert qui s’inscrit dans le cadre de la politique de développement de l’économie verte. En effet, avec le lancement de la stratégie énergétique axée sur le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique ainsi que la mise en place de la politique de valorisation des déchets, le Maroc espérait créer un relais de croissance pour promouvoir de nouveaux métiers.
Malheureusement et contrairement aux attentes, ce nouveau relais n’arrive toujours pas à décoller. C’est autour de cette question que l’Association nationale pour la promotion des emplois verts (ANAPEV) a organisé, en partenariat avec l’Université internationale de Casablanca (UIC), l’Alliance marocaine pour le climat et le développement durable (AMCDD) et l’Association d’études et de recherches pour le développement (AERED), la 2ème édition du Forum des emplois verts. Tenue sous le thème «renforcer l’employabilité des jeunes dans le vert», cette rencontre a été animée par d’éminents experts du secteur privé marocain représenté par le patronat, par des associations, des représentants de l’Exécutif, d’universitaires et de jeunes promoteurs.
Selon Soumaya Belkasseh, présidente de l’Association, cette initiative s’inscrit dans un contexte national et international imprégné par un souci sociopolitique majeur d’absorption du chômage des jeunes et de lutte contre les effets des changements climatiques. Relever ce double défi nécessite non seulement des stratégies, mais une vision claire et une volonté politique forte pour ériger l’économie verte en levier d’absorption du chômage en général et celui des jeunes en particulier.
Pour Driss Guerraoui, président d’honneur de l’ANAPEV, l’économie marocaine recèle un gisement important, notamment dans l’emploi vert qui n’est toujours pas exploité.
Pourtant, face au contexte mondial marqué par l’accélération des changements climatiques qui ne sont pas sans conséquence sur les économies, l’emploi vert est l’un des moteurs de croissance. Il est donc impératif de revoir notre modèle de croissance mais aussi notre gouvernance en intégrant davantage l’aspect environnemental et le développement durable. Il faut anticiper sur les besoins en emploi des modèles économiques de demain. Des modèles qui par la force des choses seront orientés vers des économies plus durables, plus respectueuses de l’environnement et plus soucieuses de la préservation des richesses naturelles.
«Les opportunités sont là mais il va falloir changer notre modèle de développement et de croissance. Nous avons besoin d’une rupture avec les modèles précédents et de revoir nos approches», a souligné de son côté Abderrahim Ksiri, président de l’Alliance marocaine pour le climat et le développement durable (AMCDD) et membre du Conseil économique, social et environnemental. C’est d’ailleurs ce qui ressort du dernier discours du Roi, lors de l’ouverture de la première session parlementaire, qui a insisté sur deux volets : les jeunes et la nécessité de revoir notre modèle économique. ■
L.B