On l’a souvent dit et répété à maintes reprises : le monde est à la croisée des chemins.
Pour sauver l’Humanité de la menace climatique, il est inévitable de changer notre mode de vie en limitant les émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre, notamment en substituant les énergies renouvelables aux énergies fossiles et en économisant l’énergie par une meilleure utilisation dans tous les domaines comme le transport, l’industrie, l’agriculture, le tourisme etc. Le changement concerne également la protection de la biodiversité végétale et animale ainsi que l’économie de l’eau et sa protection contre les pollutions. Il en est de même pour les sols qui subissent de plus en plus la désertification.
La COP21 de Paris a réalisé dans ce sens un pas en avant, dans la mesure où des décisions de principe ont été prises notamment pour limiter le réchauffement de la planète en deçà de 2°C et pour soutenir techniquement et financement les pays en voie de développement à s’adapter aux impacts de ce réchauffement. Cependant, elle cède à la COP22 de Marrakech une tâche plus difficile, qui consiste à déterminer les modalités de mise en œuvre de ces décisions.
Force est de constater que le Maroc, conscient des enjeux et nationaux mondiaux, a fait le nécessaire pour relever le défi. Premièrement, il a mené plusieurs actions, aux niveaux international et national, pour mobiliser l’ensemble des acteurs concernés, Etats, élus, opérateurs économiques et société civile etc.., pour être au rendez-vous à Marrakech; leur participation massive est le résultat de ces actions. Deuxièmement, il a mené une campagne pour faire ratifier l’Accord de Paris et il a réussi.
Troisièmement, il a organisé au Maroc et ailleurs de nombreux débats pour pouvoir élaborer et faire adopter un plan d’action visant les objectifs recherchés. Pratiquement, tous les thèmes liés au changement climatique ont été débattus dans tous leurs aspects: promotion des énergies renouvelables, sécurité alimentaire, protection et extension des forêts, mers et océans, financement, législation, gouvernance etc…Les débats organisés à Marrakech s’inscrivent dans l’approfondissement des précédents en vue de rapprocher des solutions les plus adéquates.
Sur le papier et dans les discours, tout semble sur la bonne voie. Maintenant, le défi réside dans la capacité des parties prenantes dans les négociations à se mettre d’accord, notamment sur les points suivants: i/ Convenir des taux de réductions des émissions de gaz à effet de serre par pays afin de mettre la planète sur le seuil des 2°C au lieu des 3°C qui ressortent des propositions faites précédemment; ii/ Convenir également d’un échéancier plus rapide pour ces réductions afin de rattraper aussi tôt que possible la vitesse de dégradation du climat; iii/ Déterminer les processus pratiques et rapides d’élaboration des projets par les pays en voie de développement (PED), notamment dans le cadre de l’adaptation, afin de bénéficier du financement; iv/ Mettre au point les modalités de mobilisation des 100 Mds de $ prévus pour soutenir la transition dans les PED; v/ Déterminer les modalités pour lever les contraintes entravant le transfert de technologie; vi/ Arrêter les programmes de renforcement de capacité et les modalités de leur exécution; vii/ Convenir des modalités de la gouvernance du système, dans un cadre de transparence.
Quelles que soient les décisions techniques prises, le grand défi réside dans la gouvernance. On connaît la lourdeur du fonctionnement des organes des Nations unies et leur non performance dans plusieurs domaines, tels que la synergie entre les trois Conventions mondiales du changement climatique, de la biodiversité et de la désertification. On doit également souligner la non performance des COP, dont les structures compétentes passent trop de temps à rédiger des rapports en vue de faciliter les reports des décisions d’une COP à l’autre.
Il est sûr que la tâche des organes des Nations unies n’est pas facilitée par les parties prenantes que sont les gouvernements, parce qu’elles manquent de volonté et de courage pour prendre les décisions qui s’imposent et pour défendre leur mise en œuvre par leurs peuples.
On constate également que les opérateurs économiques sont «obsédés» par les résultats financiers de leurs entreprises, margina- lisant les préoccupations environnementales, sauf lorsqu’elles sont accompagnées de fortes subventions des Etats et qu’elles rapportent de gros bénéfices.
Les ONG, porte-paroles des populations, surtout les plus démunies, sont les acteurs les plus motivés pour défendre l’intérêt général des peuples et les biens publics que sont les ressources naturelles. A Marrakech, elles sont très mobilisées pour s’acquitter de leur mission, mais ne cessent d’évoquer les déboires qu’elles ont vécus et qu’elles vivent avec l’administration marocaine en termes d’obtention des badges d’accès au site de la COP, d’hébergement, d’absence d’indemnités de séjour, etc. Elles estiment qu’elles n’ont pas besoin de ce stress surtout qu’elles ont déployé de gros efforts pour préparer leur participation dans de bonnes conditions.
Par Abdelhadi Bennis