L’économie circulaire fait enfin son entrée officielle dans l’industrie du textile et de l’habillement au Maroc. La première usine de recyclage de textile verra, en effet, le jour l’année prochaine à Tanger. Elle sera notamment construite par la société Reciclados Tanger, filiale du groupe espagnol Textile Hallotex, spécialisée dans la fabrication de fibres recyclées, avec l’appui de la Société financière internationale (SFI) et du ministère de l’Industrie et du Commerce.

Un accord de partenariat a été signé entre l’entreprise et le département de Ryad Mezzour, le 18 avril dernier, pour donner le coup d’envoi d’une démarche de circularité qui sera progressivement essaimée dans tout le secteur du textilehabillement. Pour commencer, l’usine sera située à Tanger, l’une des deux régions du Maroc où se concentrent 70 à 80% de l’industrie du textile, après Casablanca. Elle fabriquera des fils, tissus et vêtements recyclés pour le marché marocain, européen et américain.

Des produits qui seront issus de déchets générés par le processus de production, tels que les déchets de coupe, les «stocks morts» et les produits non conformes. Ces matières premières proviendront majoritairement de Tanger et Casablanca, qui concentrent près de 77% des 83.200 tonnes de textiles usagés générés par an au Maroc. Bref, «l’objectif de ce projet est d’accélérer la transition vers une industrie textile responsable, verte et durable; de gagner en compétitivité et de permettre à nos acteurs industriels nationaux de mieux se positionner par rapport à leurs concurrents», a déclaré le ministre Ryad Mezzour, lors de la signature de l’accord.

6.245 emplois directs et indirects

Reciclados Tanger s’appuiera sur un financement de plus de 695 millions de dirhams (62,5 millions d’euros) pour mener à terme son projet de valorisation des textiles usagés à Tanger, qui permettra la réduction de la pollution et la création de plus de 6.245 emplois directs et indirects. Elle bénéficiera de l’appui de la SFI pour la faisabilité technique et financière du projet.

L’institution du groupe de la Banque mondiale en charge du financement du secteur privé déploiera également son expertise et ses ressources internes pour le bouclage financier du projet. D’ailleurs, ce sera un bon cas d’école pour la filiale de la Banque mondiale, qui a également signé une convention avec le ministère de l’Industrie et du Commerce et l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH), le 18 avril dernier, pour la décarbonation du secteur marocain du textile et de l’habillement, le développement de la production circulaire et la promotion du secteur.

«L’accord permettra de faire bénéficier le Maroc des projets stratégiques et transformateurs des services techniques et financiers de la SFI, et d’appuyer la sensibilisation et la formation des petites et moyennes entreprises (PME) aux pratiques de la circularité», est-il expliqué. La convention vise en outre à accompagner des entreprises à adopter de nouvelles pratiques commerciales et de nouvelles technologies, notamment à travers des mises à niveau techniques et la réalisation de plans d’expansion et/ou d’accès au capital, à encourager des marques internationales à s’approvisionner au Maroc, et à fournir des financements à des producteurs mondiaux de tissus pour le développement de leurs activités dans le Royaume.