FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) a plaidé lundi en faveur de la création d'une plate-forme privée sur laquelle seraient échangées les créances douteuses des banques de la zone euro, l'institut d'émission espérant par la accélérer la résolution d'un problème qui pèse sur le secteur.
Les bilans des banques de la zone euro ont vu le poste créances douteuses et irrécouvrables ("non-performing loans", NPL) gonfler d'un millier de milliards d'euros durant dix années de crise économique et financière, montant qui n'a été que très récemment ramené à près de 800 milliards d'euros.
La BCE a fait de la résolution de ce problème une de ses principales priorités, les créances douteuses, trop conséquentes pour être retirées d'un coup de plume des bilans, limitant à la fois la capacité de prêt des banques et l'efficacité des mesures accommodantes de la BCE pour stimuler l'activité économique.
La BCE a récemment dit qu'elle comptait donner sept années aux banques pour provisionner les nouvelles créances douteuses garanties et deux ans pour les créances non garanties.
Une solution pour les NPL serait la création d'une plate-forme unique qui ferait office à la fois d'entrepôt des données des créances douteuses, de mécanisme de transactions et de recueil des données des échanges, note la BCE dans un article figurant dans sa Revue de stabilité financière, publiée deux fois par an.
Une telle plate-forme améliorerait la transparence, réduirait les coûts des transactions, renforcerait la coordination en cas de multiplicité des doléances des créanciers et ouvrirait le marché à de nouveaux investisseurs, souligne la BCE.
Le secteur privé pourrait se voir proposer des mesures incitatives, tels des crédits d'impôt, pour mettre sur pied une telle plate-forme mais une participation des Etats à une telle structure n'est pas nécessaire, poursuit la BCE.
"Le rôle des autorités dans la mise en place d'une plate-forme NPL devrait essentiellement être limité à de la régulation, à un soutien pendant la phase de démarrage et à des mesures encourageant à participer au projet", note la BCE.
"Il n'est pas nécessaire et, pour des raisons de gouvernance, même pas souhaitable que les Etats prennent une participation dans la plate-forme."