L'élargissement de la bande flottante du dirham marocain est un pas vers un régime de change plus flexible qui finira par renforcer la capacité d'absorption des chocs de l'économie et contribuer à maintenir sa compétitivité, indique Fitch Ratings.
L'annonce pose peu de risque pour la stabilité macroéconomique, mais les avantages économiques seront modestes à court terme, la fourchette de négociation étant encore étroite, indique l'agence.
Bank al-Maghrib (BAM) et le ministère marocain des Finances ont annoncé vendredi que la bande flottante du dirham serait élargie de +/- 0,3% à +/- 2,5% autour de son prix de référence, sur la base d'un panier inchangé composé de l'euro (60%) et le dollar américain (40%). L'annonce était largement attendue à la fin juin mais a été reportée en raison d'une chute rapide des réserves de change.
Nous nous attendions à ce que les autorités procèdent à la réforme, conformément aux recommandations formulées depuis longtemps par le FMI, à mesure que les réserves se sont rétablies et que l'amélioration de la communication des politiques a mieux ancré les anticipations d'inflation.
Le dirham était essentiellement stable contre le panier lors de ses deux premiers jours de négociation, perdant 0,2% contre l'euro et gagnant 0,5% par rapport au dollar américain, selon les données de Reuters. BAM n'a injecté que 6,0 millions de dollars sur le marché lors des adjudications de devises lundi et mardi.
Les fondamentaux économiques favorables devraient limiter la pression sur le taux de change. Les réserves internationales nettes sont confortables, s'établissant à USD 26 milliards au 5 janvier, en hausse de 24% par rapport à juillet dernier. L'exposition aux devises étrangères dans l'économie est modérée et la ligne de liquidité préventive de 3,4 milliards de dollars US du FMI (qui expire en juillet 2018) offrirait un filet de sécurité s'il y avait une pression sur le financement extérieur. L'inflation est faible, à 1,3% en novembre 2017 et devrait rester proche de 2% au cours des deux prochaines années.
Le déficit du compte courant se rétrécit progressivement, bien qu'il reste plus large que la médiane de la catégorie «BBB». Nous prévoyons une amélioration à 3,8% du PIB en 2019 contre 4,4% en 2016, reflétant un rétrécissement du déficit commercial structurel. Les IDE couvriront la moitié du déficit au cours des deux prochaines années, selon nos prévisions.
Nous nous attendons à ce que les autorités augmentent lentement la flexibilité du régime de change au cours des prochaines années en élargissant progressivement la marge de fluctuation. La mise en place progressive d'un régime de pleine capitalisation n'est qu'une perspective à long terme selon nous. Une flexibilité accrue renforcera la capacité d'absorption des chocs et soutiendra la compétitivité. Cela permettrait également à BAM d'introduire un nouveau cadre de politique monétaire axé sur le ciblage de l'inflation.