Par Sabrina Darbali*, Arbitre en Droit Commercial International
L'apparition du nouveau coronavirus a provoqué une pandémie de maladie respiratoire (COVID19) pour laquelle il n'existe pas de vaccins ni de traitements thérapeutiques ciblés. L'épidémie a suscité de grandes inquiétudes en matière de santé publique dans le monde entier.
En même temps, les conséquences économiques sont de plus en plus préoccupantes, car les ménages sont obligés de rester chez eux pour ralentir la propagation du virus. L'impact que la "pause" de l'économie peut avoir sur les chaînes d'approvisionnement et la stabilité financière des entreprises, du secteur financier et des ménages est largement inconnu et contraint ces acteurs à prendre des décisions rapides avec des informations limitées.
En conséquence, les décideurs politiques, les entreprises et les acteurs du marché tentent de revoir les prévisions de croissance pour les semestres/années à venir.
La situation actuelle étant sans précédent, l’épidémie du coronavirus et sa propagation rapide dans le monde ont eu de graves conséquences sur l’économie, entraînant une perturbation de l’activité économique mondiale. On a pu constater un impact négatif sur les marchés boursiers mondiaux et des secteurs tels que le tourisme, l’industrie, la construction, les télécommunications, etc.
I. Un regard général sur l’état de l’économie
Les dommages causés par le virus sont considérables et auront, selon toute probabilité, des implications à long terme pour l'économie mondiale. Cette situation a conduit de nombreux économistes à exprimer leurs inquiétudes quant à l'imminence d'une récession mondiale.
Les dirigeants mondiaux ont, à juste titre, donné la priorité aux efforts visant à prévenir une contagion généralisée afin de réduire la charge pesant sur les systèmes de santé des pays et de minimiser les pertes de vies humaines.
Suivant cette optique, le secrétaire général de l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques), Angel Gurría, a averti que le monde mettra plus de temps que prévu à se remettre du ralentissement économique induit par le Coronavirus. Les perspectives d'une récession mondiale se profilent, plusieurs des plus grandes économies du monde envisageant une récession potentielle (deux trimestres consécutifs de déclin économique) au cours des prochains mois.
Alors que l'épidémie du coronavirus s'accélère à l'échelle mondiale, les crises et les conséquences de la propagation apparaissent progressivement sur le marché marocain et son économie, qui dépend principalement du tourisme et de l'arrivée des touristes étrangers.
Les analystes de CFG Bank ont annoncé qu'ils s'attendaient à ce que l'économie marocaine pourra subir des impacts négatifs à cause de cette pandémie, en particulier le tourisme, premier secteur exportateur avec 22% du total des exportations de biens et services.
Une autre étude faite par la Confédération Nationale du Tourisme (CNT) a évalué l’impact de cette crise sanitaire à 34,1 milliards de DH de perte en termes de chiffre d’affaires touristiques en 2020 et de 14 milliards de DH de perte en termes de chiffre d’affaires pour l’hôtellerie, avec une chute globale de près de 6 millions de touristes (-98%), qui occasionnera une perte totale de 11,6 millions de nuitées. Et pas moins de 500.000 emplois et 8.500 entreprises seraient menacées. L’impact sur le chiffre d’affaires en devises du secteur risque d’être lourd.
II. Baisse de croissance : Statistique particulièrement inquiétante
Dans un communiqué à l’Agence économique Bloomberg, Ahmed Lahlimi Alami, patron du Haut-commissariat au plan (HCP), a déclaré qu’il s’attend à ce que l’économie marocaine atteigne son plus bas niveau en 20 ans et pour principale cause, la sécheresse et la propagation du coronavirus. De ce fait, le HCP réduira d’un tiers ses prévisions concernant le taux de croissance de l’économie marocaine pour 2020 à 2,2%, a ajouté Lahlimi.
A la lumière de ces évolutions, et dans le cadre des efforts proactifs du gouvernement marocain pour faire face aux répercussions économiques directes et indirectes de l’épidémie sur l’économie nationale, le ministre des finances et de l’économie a annoncé la création d’un comité de veille économique (CVE) afin de définir les mesures correspondantes.
Ce comité travaillera sur le suivi en temps réel de la situation économique nationale et la définition de réponses en termes de suivi des secteurs les plus vulnérables aux chocs provoqués par cette épidémie.
III. L'impact à long terme du coronavirus sur l'économie marocaine
Il ne peut pas être mesuré. Cette pandémie causera des dommages énormes au niveau de tous les secteurs des services et des chaînes de production de produits de base qui ont été perturbés au niveau national et international.
Le système d'échange, qui constitue l'esprit de l'économie, s'est arrêté. Nous sommes encore au début de la crise, et nous ne savons pas où les choses iront. Même pour la Chine, qui a commencé à voir de la lumière au bout du tunnel au cours de ces derniers jours, il peut y avoir des revers, rien n’est sûr ! Personne ne s'attendait à ce que les pays européens dotés d'équipements sanitaires solides se retrouvent face à une situation menaçant de paralyser leur système de santé.
En ce qui concerne la situation au Maroc, ce que nous souhaitons, c'est profiter des expériences dures des autres pays et ne pas répéter leurs erreurs de procrastination dans une réponse globale à cette épidémie mondiale.
Verdict général
Dans notre monde interconnecté, chaque fois qu'une crise mondiale se produit, les gouvernements doivent décider si la discrimination à l'égard des fournisseurs étrangers fait partie de la solution - ou si les ressources et le savoir-faire étrangers peuvent être exploités pour un avantage mutuel.
Les décisions de sacrifier les frontières ouvertes sur l'autel d'un autre objectif sont généralement influencées par les mesures - réelles ou perçues - prises par d'autres gouvernements. À ces moments-là, les règles internationales écrites et non écrites sont testées, avec des conséquences qui peuvent durer bien après que la crise ait dominé les gros titres. La pandémie de COVID-19 ne fait pas exception.
Il convient également de reconnaître que la toile de fond pour tous est caractérisée par l'incertitude de ce virus. Les effets économiques de la pandémie actuelle restent flous quant à leur gravité et leur durabilité. Les marchés auraient peut-être réagi plus positivement sans cela.
*Sabrina Darbali est doctorante en Sciences Juridiques et Politiques de l’Université Mohammed V de Rabat - Maroc / doctorante en Droit Comparé et Processus d’Intégration du Département Jean Monnet de Sciences Politiques de l’Université Luigi Vanvitelli de Naples – Italie.