L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recensé pas moins de 200 maladies qui sont transmises par la nourriture. C’est pour cette raison que la sécurité des aliments fait l’objet d’une grande attention de la part de l’industrie agroalimentaire. Les producteurs doivent obéir à plusieurs normes pour pouvoir écouler leurs produits dans les marchés.
Lors d’une conférence organisée à ce sujet à Casablanca, des témoignages de grands groupes marocains opérant dans le secteur ont mis en valeur l’intérêt de la promotion de la sécurité alimentaire chez les dirigeants des entreprises du secteur. «Les multinationales de l’agroalimentaire ont la culture de la sécurité alimentaire. Les grands groupes ou les PME marocains doivent également l’adopter. Pour promouvoir le Made in Morocco, ce critère est important pour ratisser large dans les marchés étrangers», souligne Said Moudafii, administrateur de la Fédération nationale de l’agroalimentaire (Fenagri) et président de l’Association marocaine des boissons.
Force est de constater que le paysage de la sécurité alimentaire a nettement changé ces trois dernières décennies. Les normes internationales ne cessent de se développer, devenant incontournables en matière d’export et de commercialisation des produits. Le marché mondial de l’agroalimentaire est estimé à 255 milliards de dollars et celui de l’alimentation se chiffre à plus de 3.000 milliards de dollars. Au Maroc, ce marché atteint 24 milliards de dollars, soit 20% du PIB, alors qu’il ne dépasse pas les 3% en France.
«En dépit de l’importance du marché de l’agroalimentaire et de l’alimentation, celui des certifications dans ce domaine reste très faible. L’OMS estime que 78% des dangers et des risques ne sont pas investis par ce créneau. Au point que les assureurs ne couvrent pas les risques de contamination alimentaire», a fait savoir Faycal Bellatif, Directeur général de Eurofins Food Assurance. Il a relevé que «les incidents augmentent ainsi que leur sévérité mais la réglementation tarde à se mettre à jour. La fraude continue d’introduire des problèmes de sécurité alimentaire».
Plusieurs groupes opérant dans le secteur surtout ceux qui fabriquent des produits à forte consommation comme le lait, le sucre ou l’huile d’olive accordent une attention particulière à ce volet.
C’est le cas de Copag, regroupant 92 coopératives, qui travaille avec 24.000 agriculteurs dont la plupart sont de petits ou moyens exploitants. Ce groupe opère dans la filière laitière, les viandes rouges et les agrumes.
«La responsabilité sociale fait partie intégrante de notre philosophie. Nous privilégions le respect de l’environnement, la rationalisation de l’utilisation de l’eau à travers le traitement des eaux usées, la généralisation du goutte-à-goutte et aussi l’emploi des énergies renouvelables pour le pompage de l’eau. Nous sommes également très regardants au niveau de la sécurité alimentaire et le succès commercial de nos produits en témoigne», souligne Moulay M’hamed Loultiti, président de Copag.
Mohamed Fikrat, PDG de Cosumar et président de la Fédération marocaine du sucre, a fait une brève présentation de son groupe dont les produits sont exportés vers une quarantaine de pays. Le sucre, a-t-il dit, a une place particulière chez les Marocains. Il a une certaine sacralité. Il est encore offert à l’occasion des fêtes et des deuils. Il a par ailleurs affirmé que «la sécurité alimentaire doit être une culture et un état d’esprit avant qu’elle soit imposée par les textes de loi ou la réglementation».
Concernant la certification, il a noté qu’elle doit être une conviction et non un moyen pour se conformer. Dans ce sens, il a rapporté que son groupe adopte une gamme de certifications comme celles répondant aux normes hallal ou casher. L’huile d’olive et les olives sont également fortement consommées au Maroc. Toutefois, leur commercialisation et leur production ne répondent pas aux normes de sécurité alimentaire.
«90% des huiles d’olives consommées au Maroc sont commercialisées en vrac et ne sont pas contrôlées par l’ONSSA. Nous avons lancé plusieurs campagnes de sensibilisation aussi bien auprès des producteurs que des consommateurs. Mais elles n’ont pas donné l’effet escompté», explique Rachid Benali, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l’olive (FIMO).
«Il est nécessaire de renforcer le contrôle dans ce secteur surtout que les produits existants sur le marché présentent un niveau d’acidité supérieur à 7%. Cela présente un risque sanitaire important», conclut-il.