C’est l’objet d’une nouvelle étude BCG intitulée Sustainable Aviation Fuels Need a Faster Takeoff, menée auprès de plus de 500 professionnels, issus de 207 entreprises du secteur aérien. Parmi les messages clés :

• Une majorité d’acteurs encore en phase d’observation : du fait des coûts élevés, environ deux tiers des entreprises interrogées adoptent une approche prudente, plutôt que de se positionner en leader sur le marché, freinant ainsi le développement du secteur et la recherche d’économies d’échelle.

• Un écart entre ambition et préparation : 80 % des entreprises se disent confiantes dans leurs capacités à atteindre les objectifs SAF de 2030, mais seulement 14 % se sentent suffisamment préparées.

• Des investissements à deux vitesses : près de la moitié des acteurs de l’aviation commerciale investit plus de 4 % de leurs revenus dans les SAF.

Certains secteurs sont plus avancés que d’autres tels que les développeurs de projets SAF (financeurs, entreprises énergétiques...) ou les fabricants d’avions et de moteurs. A contrario, les compagnies aériennes et les aéroports restent en retrait avec des investissements compris entre 1 % à 3 %, privilégiant le renouvellement de leur flotte à des projets SAF, jugés plus risqués.

Le Maroc : un atout maître pour la nouvelle aviation verte

Le Royaume bénéficie d’atouts rares : un potentiel inégalé en énergies renouvelables, une ambition affirmée autour de l’hydrogène vert, des infrastructures aéroportuaires internationales de premier plan, et une position géographique idéale aux portes de l’Europe. Autant d’éléments qui peuvent permettre au Maroc non seulement de répondre à ses propres besoins en SAF, mais aussi d’en devenir l’un des fournisseurs régionaux majeurs. Comme l’explique Émile Detry, Managing Director & Partner au Boston Consulting Group Casablanca : « Le Maroc possède tous les ingrédients pour devenir un acteur clé de l’aviation propre. Une énergie compétitive, une proximité stratégique avec l’Europe, un tissu industriel en plein essor, et surtout une capacité à anticiper les grandes révolutions industrielles. Miser sur le SAF aujourd’hui, c’est investir dans la souveraineté énergétique du pays, dans sa croissance verte, et dans la création d’emplois qualifiés pour demain. »

Trois priorités pour accélérer

Pour transformer ce potentiel en réalité, BCG identifie trois leviers majeurs : 1. Fédérer les efforts : construire une coalition d’acteurs publics et privés, compagnies aériennes, énergéticiens, institutions, autour d’une feuille de route ambitieuse, et adopter des mandats similaires à ceux de l’Union européenne pour créer un véritable marché du SAF. 2. Lancer des projets pilotes concrets : développer des unités de production adossées aux grands hubs logistiques et aériens du pays, avec des partenariats industriels internationaux solides. 3. Créer un environnement d’investissement attractif : mettre en place des incitations claires (tarification carbone, contrats d’achat garantis, accès facilité aux financements climat) pour attirer les capitaux privés et publics.

Être précurseur : un avantage décisif

Aujourd’hui, la production de SAF, notamment via les e-fuels (hydrogène vert + carbone capturé), reste coûteuse. Mais avec les mandats européens qui obligent les compagnies à intégrer du SAF dans leurs opérations, une fenêtre historique s’ouvre. Les premiers à se positionner pourront abaisser leurs coûts plus vite, capter des parts de marché stratégiques, et asseoir un leadership durable.