La succession à la tête du polisario ne changera rien au dossier du Sahara, puisque l’organisation est devenue depuis des décennies une marionnette entre les mains du pouvoir algérien. Ce dernier est résolu à maintenir la pression sur le Maroc, puisqu’il a annoncé soutenir le front polisario jusqu’au bout. Le Royaume doit rester vigilant et très attentif à ce qui se passe dans les camps de Tindouf.
Foutaise ! Quand l’Algérie se défend d’être une partie prenante au conflit du Sahara, c’est de la foutaise ! Les rares crédules n’ont qu’à analyser les derniers développements suite au décès de Mohamed Abdelaziz, le chef du polisario, élu démocratiquement (sic) pendant quarante ans à la tête de la chimérique RASD. D’ailleurs, beaucoup se sont étonnés de voir l’Algérie observer 8 jours de deuil à la suite du décès du chef du polisario et tous les honneurs qui lui ont été rendus par notre voisin de l’Est. Dire que l’Algérie n’est pas une partie prenante du problème est une aberration, encore plus si l’on avance qu’elle joue un rôle neutre entre les deux parties en conflit pour trouver une solution politique, mutuellement négociée. Pour preuve, la subjectivité de l’Algérie ne fait aucun doute quand le président du Conseil de la nation de ce pays, Abdelkader Bensalah, annonce que «L’Algérie soutiendra toujours la cause sahraouie jusqu’à la réalisation des objectifs auxquels aspire le peuple sahraoui». Reçu par le représentant du polisario par intérim, Khatri Addouh, Bensalah a remis un message d’hommage de Bouteflika à Mohamed Abdelaziz. Il s’agit en fait d’une lettre adressée aux dirigeants et à la population sur place pour leur dicter les orientations à venir. D’ailleurs, le régime algérien aurait dans le pipe deux candidatures valables, à savoir celles de Brahim Ghali et de Mohamed Lamine Bouhali. Les deux, un peu plus le premier qui a les faveurs du régime de Bouteflika, sont à même de bien défendre les intérêts de l’Algérie, sous la façade de la défense des droits du peuple sahraoui séquestré depuis 40 ans à Tindouf.
La chape de plomb algérienne
C’est un leurre de penser que le polisario est une organisation indépendante qui aurait trouvé refuge auprès de l’Algérie. Depuis 1976, année où Abdelaziz est passé aux commandes du polisario, ce dernier est devenu un organe de propagande du régime algérien obsédé à étendre son leadership sur la région de l’Afrique du Nord. En effet, dans sa course, l’Algérie se heurte à une grande nation qui progresse sur tous les plans et qui est devenue naturellement le modèle de la région : le Maroc. Quarante ans d’hostilité à notre intégrité territoriale et l’Algérie n’en a pas fini puisqu’elle fait preuve d’une animosité sans commune mesure envers le Royaume afin de continuer à mobiliser des «brebis galeuses» à sa cause chimérique. Mais aussi pour essayer de colmater les brèches du front qui fait face, depuis des années, à une fronde de jeunes lassés de la vie de séquestrés qu’ils mènent. Aussi, les récentes provocations à l’égard du Maroc, notamment l’enterrement de Mohamed Abdelaziz à Bir Lahlou, n’ont-elles pas réussi à sortir le Royaume de sa posture indifférente à tout ce qui se passe chez son voisin. Et pour cause, le Maroc sait qu’il n’a rien à attendre du changement à la tête du polisario. Le seul espoir de voir ce conflit résolu émanera d’un changement à la tête de l’Algérie elle-même, qui est en réalité la partie en conflit avec le Maroc sur ce dossier.
Face à la crise, l’Algérie veut distraire la galerie
Quelle aubaine pour le régime algérien que le décès de Mohamed Abdelaziz. Face à une crise économique sans précédent que vit notre voisin à la suite de l’effondrement des prix du baril du pétrole (98% des exportations algériennes) et à court d’idées, la présidence algérienne cherchait en vain de quoi distraire le peuple qui n’est nullement dupe face à de pareilles manœuvres. Notre voisin est dans une très mauvaise posture puisqu’il a perdu plus de 58 milliards de dollars de réserves en devises sur les deux dernières années, à cause de la plongée du pétrole et de la saignée des importations. Selon des chiffres officiels rendus publics dimanche, les réserves de change de l'Algérie se situent actuellement à 136,9 milliards de dollars contre 195 milliards à fin mars 2014. A partir de 2006, au moment des années fastes de l’or noir, le matelas de change du pays gagnait annuellement quelque 20 milliards de dollars, avoisinant les 200 milliards de dollars à un moment, avant de commencer sa dégringolade à compter de juin 2014. L’Algérie est aussi confrontée à la dévaluation sans précédent de sa monnaie locale, occasionnant un renchérissement du coût de la vie et une hausse continue de tous les produits importés. Au premier trimestre 2016, l’Algérie a connu un niveau record de son déficit commercial, soit 5,6 milliards de dollars contre un déficit de 3,4 milliards de dollars durant la même période de l’année passée. Il y a quatre ans seulement, le pays dégageait un excédent commercial de 21,49 milliards de dollars.
Imane Bouhrara