Exécution des projets d'investissement : fini la bronzette !

Exécution des projets d'investissement : fini la bronzette !

 

Les projets qui ont fait l’objet d’accords devant le Roi, que ce soit au Maroc ou à l’étranger, devront être exécutés dans les délais. Au plus haut sommet de l’Etat, on y veille désormais scrupuleusement. Chacun devra donc assumer ses responsabilités.

 

 

Stylos dorés, paraphes en bas de page, crépitement des flashes, petits sourires de satisfaction… et voilà une affaire de pliée. Après, on passe à autre chose et on néglige, voire oublie ses engagements pris devant Sa Majesté le Roi. C’est fini tout ça. Désormais, beaucoup de choses vont changer. Et au plus haut sommet de l’Etat, on y veille.

L’élément déclencheur ? C’est à n’en pas douter les manifestations à Al Hoceima que l’exécution, comme initialement prévu, du projet Al Hoceima Manarat Al Moutawassit, aurait pu permettre d’éviter. Rappelons que lancé par le Roi en octobre 2015, Manarat Al Moutawassit devait mobiliser pratiquement 7 Mds de DH pour la période 2015-2019. Mais le laxisme et les nombreux errements dans la conduite et la gestion de ce projet ont fini par mettre le Roi en colère.

Et durant le Conseil des ministres qu’il a présidé le 25 juin dernier au Palais royal à Casablanca, il a ainsi fait part au gouvernement, notamment aux ministres concernés, «de sa déception, de son mécontentement et sa préoccupation» au sujet de la non exécution des projets inscrits dans ce grand programme de développement dans les délais impartis.

Le Roi a, dans ce cadre, donné ses instructions aux ministres de l'Intérieur et des Finances pour que l'Inspection générale de l'Administration territoriale et l'IGF mènent les enquêtes nécessaires à ce sujet, fixe les responsabilités et établit un rapport dans les plus brefs délais. Il a aussi décidé de ne pas autoriser les ministres concernés à bénéficier du congé annuel pour assurer le suivi des projets mentionnés.

 

Branle-bas de combat

 

Il a fallu que le Souverain tance le gouvernement pour qu’il mesure l’urgence de mener à bien ce programme. Et, pour qui sait écouter, cette colère royale vaut pour l’ensemble des projets lancés dans les différentes régions du Royaume et qui peinent à être exécutés. Pour ces autres projets aussi, des audits seront probablement menés et les responsabilités situées.

D’ailleurs, depuis ce fameux Conseil des ministres, c’est le branle-bas de combat. Les réunions et autres appels à la mobilisation se multiplient. Le chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, a sonné la mobilisation générale en exhortant les membres de son gouvernement à faire valoir la coopération et la coordination, afin de garantir la réalisation des différents projets dans l’ensemble des régions du Royaume. «Le citoyen attend beaucoup de nous et nous devons être à la hauteur de ses attentes», a-t-il déclaré lors d’un Conseil de gouvernement tenu récemment.

Dans la foulée, il a annoncé la création d’une entité relevant de son département dont le rôle est d’assurer le suivi des projets programmés. Pour Al Hoceima précisément, une réunion ministérielle consacrée aux provinces du Nord a été tenue. Objectif : travailler main dans la main, quelles que soient l’appartenance et la sensibilité politiques, pour régler les problématiques en suspens dans la région.

A l’évidence, le message royal a été reçu 5 sur 5. Car, de son côté aussi, le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, a tenu le 5 juillet à Rabat une troisième réunion consacrée à la cadence d'exécution et au suivi de l'état d'avancement des projets prévus dans le cadre du nouveau modèle de développement des provinces du Sud lancé en 2015 par le Roi. Au cours de cette rencontre, Laftit a ainsi laissé entendre que cette réunion se tiendra de manière périodique tous les trois mois sous sa présidence pour veiller à une meilleure exécution de ce programme d’envergure qui mobilise des investissements de l'ordre de 77 milliards de dirhams. Il y aura, en outre la tenue d'une réunion trimestrielle au niveau de chacune des trois régions concernées.

 

Suivi des accords signés en Afrique

 

Le Maroc reste un acteur majeur en Afrique et son influence dans le processus de développement économique du continent est appelée à s’accroître. Il est utile de le rappeler de temps à autre. Quelques chiffres pour s’en rendre compte : plus de 1.000 entreprises marocaines sont implantées en Afrique. Elles y ont investi sur la période 2008-2015, notamment en Afrique subsaharienne, pas moins de 2,2 milliards de dollars. Mieux encore, le Souverain a effectué plus de 25 visites dans les pays de la CEDEAO depuis 2001, au cours desquelles plus de 600 accords ont été signés.

Ces accords ont-ils été pour autant concrétisés? Ou sont-ils restés, au contraire, au stade de papier ?

Difficile à dire pour l’instant. Mais nous en saurons bientôt quelque chose, notamment en ce qui concerne les accords signés en Afrique de l’Est. En effet, sur instructions du Roi, une délégation marocaine restreinte, présidée par la secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Mounia Boucetta, s’est rendue lundi à Addis-Abeba.

Elle y a eu une série de réunions de travail avec plusieurs hauts responsables éthiopiens, dans le cadre du suivi des accords conclus lors de la visite royale dans ce pays en novembre 2016.

Le point a été ainsi fait sur les différents volets des accords de coopération, de même qu’une visite a été effectuée sur le site sur lequel sera construit un centre de formation de classe mondiale dédié au secteur de l’eau et de l’irrigation. Il s’agissait de s’enquérir de l’état d’avancement de ce projet, dont la date d’achèvement est prévue pour mars 2019.

Après l’Éthiopie, la délégation marocaine s'est rendue au Rwanda, en Tanzanie, en Zambie, mais également à Madagascar. Et ce, toujours dans le cadre du suivi des accords conclus et des projets lancés lors des tournées royales en Afrique.

Il faut rappeler, dans ce cadre, qu’en application des instructions du Souverain, une Commission mixte pour le secteur public et privé en charge du suivi des accords entre le Maroc et les pays africains a été instituée.

Mais au regard du nombre d’accords signés et de la profondeur qu’ont désormais prises les relations entre le Maroc et le reste du continent, ne faudrait-il pas aller plus loin ? En février dernier, Abdou Diop, président de la Commission Afrique de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), nous confiait que la vision royale doit être traduite en une stratégie nationale Afrique intégrée, bien articulée et cohérente, avec des assises annuelles, une évaluation régulière et une coordination au plus haut niveau.

Un ministère de l’Intégration africaine, une instance chargée des Affaires africaines ou encore un Conseiller Afrique au Cabinet royal, pourrait dans ce cadre, coordonner l’action du Royaume dans le continent», suggérait-il.

«Aujourd’hui, au plus haut sommet de l’Etat, on veille scrupuleusement à ce que tous les engagements pris par le Maroc soient respectés», affirmait-il.

D’ailleurs, au niveau du patronat, un comité de suivi a été mis en place, lequel reçoit, tous les deux mois, un reporting sur les différents accords signés. «En janvier 2016, le patronat était en Guinée pour passer en revue tous les accords qui y ont été signés, voir leur état d’avancement et essayer de résoudre les difficultés éventuelles, en concertation avec les autorités guinéennes et les acteurs concernés. Il y va de la crédibilité du Royaume», concluait-il à ce sujet.

Aujourd’hui, c’est bien la crédibilité du Maroc qui est en effet engagée. D’où l’impératif pour le Royaume, qui a réussi deux coups diplomatiques magistraux (retour à l’Union africaine, adhésion à la CEDEAO en tant que membre à part entière), d’honorer ses engagements, particulièrement à l’heure où ses ennemis scrutent minutieusement le moindre faux pas. ■

 

Par D. William

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