Reconnaissance faciale: une technologie à double tranchant ?

Reconnaissance faciale: une technologie à double tranchant ?

Déverrouiller son smartphone, s’identifier sur une application mobile, passer un contrôle de sécurité dans un aéroport : la reconnaissance faciale est désormais partout, mais sa généralisation divise les opinions.

 

Par K. A.

Ce qui a commencé comme un attribut spécifique aux films de science-fiction fait désormais partie de la vie quotidienne, et les chiffres ne font que prouver la nature omniprésente de cette souplesse biométrique. Portée par la sécurité, la lutte contre la criminalité et par une concurrence économique extrême, le marché mondial des logiciels de reconnaissance faciale devrait atteindre la barre des 11,62 milliards de dollars d'ici 2026. Ce dernier se situerait autour de 3,2 milliards d’euros en 2020, selon les données de MarketsandMarkets. 

De l’aérien à l’automobile, en passant par la sécurité et la finance, cette technologie a fait ses preuves ces dernières années. Parallèlement à l'augmentation des volumes de marché, les algorithmes de reconnaissance faciale deviennent de plus en plus sophistiqués. Selon le NIST, l'organisation américaine des standards et normes, la précision des logiciels de reconnaissance a été multipliée par 50 en l'espace de 6 ans seulement. 

En 2014, le taux d'échec moyen des logiciels était de 4% sur une base de 26,6 millions de visages. Il est tombé à 0,2% à fin 2018, puis à 0,08% début 2020. Comme la plupart des technologies, la reconnaissance faciale a ses détracteurs. Alimentés par la désinformation, beaucoup d'utilisateurs craignent une atteinte à la vie privée et aux libertés individuelles ou une potentielle attaque informatique. Cependant, la reconnaissance faciale est parmi les moyens d’authentification les plus sécurisés sur la toile.

 

Les réseaux sociaux marquent la fin de la confidentialité

«La reconnaissance faciale est en grande partie rendue possible par la volonté des internautes à projeter leurs portraits numériques sur le Web», selon AVG AntiVirus. Spontanément, les internautes ont donné à la technologie tout ce dont elle a besoin pour s'ouvrir sur de nouveaux horizons. Des milliards d'images de leur visage aux multiples angles sur les réseaux sociaux, créant ainsi une base de données solide permettant à la technologie d'apprendre et de se perfectionner grâce notamment à l’intelligence artificielle. Et ces données ne sont pas forcément stockées chez Apple, Samsung ou encore Google.

Mais il existe également un certain nombre de databases accessibles gratuitement, bien que leur nombre d’images soit limité par rapport à ceux privées ou officielles. Parmi eux, Clearview AI, une start-up américaine qui se targue d’avoir récupéré 10 milliards d’images sur Internet (réseaux sociaux, sites d’entreprises, etc.), dont plus de 2 milliards sur les médias sociaux russes comme VKontakte. Raison pour laquelle le ministère ukrainien de la Défense s’est procuré les services de Clearview AI pour identifier les morts, les potentiels suspects et les ennemis aux checkpoints.

Patchwork législatif en désordre

Jusqu’à présent, toute réglementation technique s'est révélée difficile. 

«Sur le plan national et international, des réflexions sont en cours pour la mise en place de normes définissant un usage de cette technologie en respect de la vie privée des personnes physiques», précise la CNDP. L'Union européenne, qui avait récemment envisagé d’interdire cette technologie pendant 5 ans, le temps d'évaluer son impact, a finalement décidé de laisser chaque pays choisir ses propres règles sur ce point très ambigu. Facebook, qui possédait les données de reconnaissance faciale de plus d’un milliard d’utilisateurs, a décidé fin 2021 de mettre fin à ce système sur sa plateforme.

En juin 2020, plusieurs entreprises technologiques telles qu'IBM, Amazon et Microsoft ont également interrompu la vente des systèmes de reconnaissance faciale aux forces de police, admettant qu'elles posent des problèmes de discrimination et de libertés publiques. Ce n’est que récemment que les géants de la technologie Google, Apple et Microsoft ont annoncé un accord pour construire un système permettant de s'authentifier sans mots de passe. L'objectif, explique Google, est que les utilisateurs puissent se connecter à un service en ligne simplement en débloquant leur smartphone (via leur méthode habituelle : empreinte digitale, reconnaissance faciale, code de plusieurs chiffres...). À mesure que la technologie de reconnaissance faciale s'améliorera, ses défis diminueront. À ses débuts, elle a été qualifiée d'effrayante, d'invasive. Aujourd’hui, la dépendance des utilisateurs à son égard montre tout l'intérêt que suscite cette technologie. 

 

 

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