Au moment où la poussière se dissipe lentement après le séisme dévastateur qui a frappé la région al Haouz au Maroc, un autre tremblement, bien que virtuel cette fois-ci, secoue la communauté en ligne : l'inondation de «fake news» ou fausses informations.
Par Khalid Aourmi
Quelques heures seulement après le tragique événement, et au moment où de nombreuses personnes cherchaient encore leurs proches ou un abri, les réseaux sociaux ont été inondés de diverses informations. Entre vidéos alarmistes annonçant des répliques catastrophiques et images faisant état d'effondrements d’habitations dans d’autres villes, il était difficile de distinguer le vrai du faux. Voici quelques exemples :
• Des rumeurs circulent sur les réseaux sociaux à propos d'une supposée suspension des cours au niveau des différents établissements d’enseignement dans le cadre du deuil national décrété. • Des images partagées sur la toile attribuent au sismologue Frank Hoogerbeets une alerte à un autre séisme au Maroc.
• Une vidéo montrant un nouveau-né retiré des décombres circule sur les réseaux sociaux.
• Des sites électroniques rapportent que des propriétaires de voitures de transport en commun à Inezgane ont opéré une hausse importante du prix de transport vers la ville de Taroudant touchée par le séisme de vendredi.
• Une image circulant sur les réseaux sociaux attribue à un site d’informations national un appel adressé à tous les Marocains pour quitter leur domicile samedi soir de crainte d’une nouvelle secousse sismique.
La psychologie derrière les fake news
Les périodes de crise sont propices à la désinformation. La raison ? Un mélange de peur, d'incertitude et de compassion. Lorsque les gens sont anxieux, ils cherchent à comprendre, à trouver des réponses. Et dans cette quête, il est facile de tomber dans le piège des fausses nouvelles qui semblent apporter des réponses. Dr. Amal Souhail, psychologue et chercheur spécialisé dans la communication de masse, précise : «En période de crise, notre cerveau est en quête constante de certitudes pour contrecarrer le chaos extérieur. Cela peut malheureusement nous rendre plus vulnérables à accepter des informations sans un examen critique suffisant». Cette recherche de l’ordre dans un monde soudainement chaotique explique pourquoi tant d'individus peuvent être facilement influencés par des informations non vérifiées.
Bien que virtuelles, les conséquences des fake news sont bien tangibles. Au-delà de la panique supplémentaire qu'elles peuvent engendrer, elles risquent également de détourner l'attention et les ressources des véritables zones de crise. Sans parler des escrocs qui, profitant de la générosité des gens en ces temps sombres, mettent en place de faux dispositifs de collecte de fonds. Face à cette marée d'informations, quelques héros silencieux se sont levés. Des journalistes locaux, des vérificateurs de faits et des citoyens ordinaires ont pris la responsabilité de démystifier les rumeurs, armés de leur sens critique et de leur détermination à ne laisser aucune fausse nouvelle impunie. Face au séisme survenu au Maroc, une nouvelle épreuve se dessine pour tous les acteurs de l'ère numérique : celle de la maîtrise de l'information. Dans un monde où les clics priment, la vigilance et la rigueur s'imposent comme des garde-fous. Car, à l'instar des désastres naturels, la désinformation porte en elle un potentiel de dévastation insoupçonné.