A l’heure du télétravail et de la numérisation des entreprises, les talents IT sont plus que jamais convoités par les employeurs.
Cet article est le premier d’une série consacrée aux enjeux des métiers de la tech au Maroc.
Par K. A.
Si les métiers du développement et du Big Data ont le vent en poupe ces dernières années, les tendances ne cessent d’évoluer en matière de recrutement informatique. Avec les toutes dernières technologies, de nouveaux besoins émergent et, avec eux, la nécessité de trouver rapidement des talents toujours plus spécialisés. Au Maroc, le secteur IT a enregistré une croissance de 190% en termes d’annonces de recrutement diffusées par rapport à la même période en 2021, dévoile la dernière enquête de Rekrute.
Ce chiffre correspond au tiers de la demande globale de ressources. «Ayant enregistré seulement une hausse de 11% en avril 2021, le volume des annonces de ce secteur a triplé en avril 2022, reflétant ainsi son dynamisme accru», confirme le spécialiste de recrutement. Ainsi, les besoins en ressources informatiques sont répartis de manière relativement équilibrée entre les microentreprises ou très petites entreprises (TPE) (26,06%), PME (27,11%), Grandes entreprises (GE) (16,90%) et Très grandes entreprises (TGE) du Royaume (29,93%), avec pour la majorité des postes en tant qu’ingénieurs étude et développement (14,08%), responsables informatiques (13,03%) et techniciens système (8,8%).
Des difficultés pour retenir les talents IT
C'est un secret de Polichinelle : les compétences IT marocaines quittent le pays vers l'Europe, et notamment la France. La carence des profils IT et la fuite des cerveaux (ingénieurs) font partie des obstacles sur lesquels butent aujourd’hui les entreprises. Une problématique dont le secteur pâtit depuis déjà quelques années, et qui malheureusement perdure. La baisse de la compétitivité des entreprises, l’effritement de l’attractivité des investissements en sont, entre autres, les conséquences directes.
Voici quelques chiffres pour en illustrer l’ampleur : 600 ingénieurs quittent le pays annuellement pour travailler sous d’autres cieux. Trois entreprises étrangères viennent tous les 15 jours pour recruter une dizaine d’ingénieurs, rapporte la Fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (APEBI). Malgré la crise sanitaire et la conjoncture économique actuelle, les profils IT marocains sont toujours aussi convoités qu’auparavant par les entreprises étrangères.
60% des informaticiens marocains auraient déjà été approchés par des recruteurs à l’étranger (ce chiffre grimpe à 85% pour les Bac+4). Aussi, 48,88% ont été approchés au moins une fois durant les 6 derniers mois et 8,44% d’entre eux plus de 5 fois. En 2019, l’APEBI a annoncé que le secteur IT au Maroc perd chaque mois 50 ingénieurs. Des constats alarmants, alors que le Maroc, en pleine mutation technologique, a plus que jamais besoin de ses compétences. Les raisons pour lesquelles les ingénieurs IT marocains partent à l’étranger tiennent au salaire et aux perspectives d’évolution.
«Les ingénieurs IT cherchent tout un package, qui comprend le salaire, le côté psychologique et l’évolution dans un climat sain où ils pourront être heureux», indique l’enquête. Si le diagnostic est clair, remédier au manque n'est pas aisé. Selon la profession, deux solutions sont possibles : recruter des compétences étrangères et former les compétences marocaines. Pour la première alternative, la procédure de recrutement des étrangers a été simplifiée. D’ailleurs, depuis quelques années, les délais de traitement des visas de contrat de travail et des frais ont été réduits.
Pour la deuxième solution, un programme de formation de reconversion des diplômés scientifiques BAC+3, à travers un certificat de qualification professionnelle (CQP) a été aussi mis en place. Ce programme permet aux fédérations professionnelles ayant des métiers sous tension de produire des compétences pour répondre à leurs marchés. Des mesures considérées comme une bouée de sauvetage pour les entreprises à la recherche de compétences IT. Mais suffiront-elles à stopper cette hémorragie ? A suivre … !