Le Maroc adopte une position stratégique face aux enjeux numériques mondiaux. La 7e édition des Assises de l’AUSIM, qui se tient à Marrakech, incarne cette ambition.
Plus qu’une simple rencontre entre professionnels du secteur, cet événement se veut le reflet d’une vision partagée : celle d’un digital inclusif, durable, et résilient. Sous le thème « Le pouvoir du digital : ensemble, différemment, durable et résilient », les Assises rassemblent des leaders de l’industrie numérique pour échanger, débattre et, surtout, trouver des solutions concrètes face aux enjeux globaux. Qu’il s’agisse des défis environnementaux, économiques ou sociaux, le numérique se dresse en levier de changement. Et si le potentiel est immense, il soulève également des questions majeures sur son impact à long terme.
Pour Hicham Chiguer, président de l’AUSIM, cette édition revêt une signification particulière. "Ces Assises ne sont pas qu’une simple célébration de nos 31 années d’existence. Elles marquent une étape charnière dans notre mission d’accompagner la transformation digitale du Maroc", a-t-il affirmé lors de son discours inaugural. Ce rassemblement témoigne, selon lui, de l’évolution d’un écosystème numérique en constante expansion, mais qui doit aujourd’hui faire face à de nouveaux impératifs : durabilité, responsabilité et inclusion.
"Le numérique est un levier de transformation indéniable. Cependant, son pouvoir est double : il peut renforcer notre agilité et notre capacité à innover, mais il peut également devenir une source de nouvelles vulnérabilités si nous n'adoptons pas une approche responsable", a-t-il poursuivi, en soulignant l’importance de repenser les modèles économiques et technologiques à travers le prisme de la durabilité et de l’éthique.
L'intelligence artificielle : un levier pour la transformation industrielle
L’intelligence artificielle (IA) a été au cœur des débats de cette édition. Tarik Hammadou, Senior Developer Relations Manager chez NVIDIA, a pris la parole pour insister sur le potentiel de l’IA dans la révolution industrielle en cours. "L’intelligence artificielle générative et les technologies de simulation redéfinissent non seulement les industries, mais également les économies mondiales. Elles offrent des perspectives inouïes, notamment dans l’optimisation des chaînes d'approvisionnement et l’augmentation de l’efficacité des processus de fabrication", a-t-il souligné.
Le Maroc, selon Hammadou, est bien placé pour tirer parti de cette révolution technologique. "Avec une vision claire et des investissements stratégiques, le Maroc peut devenir un acteur clé dans cette transformation mondiale. Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère industrielle où l’IA sera le moteur principal, avec un potentiel économique estimé à 100 trillions de dollars", a-t-il précisé, tout en incitant les entreprises marocaines à adopter rapidement ces technologies pour éviter de se retrouver en retard.
Un numérique face aux défis environnementaux
Toutefois, si le numérique représente un levier de progrès, il ne peut ignorer les défis environnementaux qu’il engendre. Hicham Chiguer a mis en garde contre l’impact écologique de l’industrie numérique, rappelant que ce secteur est responsable de près de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, un niveau comparable à celui de l’aviation. "Ces chiffres sont un signal d’alarme. Le digital peut devenir un allié essentiel ou une source de nouvelles vulnérabilités. Nous devons innover tout en intégrant la durabilité au cœur de chaque décision", a-t-il affirmé.
"Nous sommes à un tournant. Le progrès technologique ne peut plus se faire au détriment de la planète. Chaque décision prise aujourd'hui influencera l’avenir de notre environnement et de notre société", a poursuivi Chiguer. Il a rappelé l’urgence de viser une économie à zéro émission, en citant les propos de Bill Gates sur la nécessité de réinventer tous les secteurs industriels pour atteindre cet objectif ambitieux.
Un engagement fort pour l'inclusion sociale et l’éducation
L’AUSIM ne se contente pas de promouvoir l’innovation technologique. L’association se distingue également par son engagement en faveur de l’éducation et de l’inclusion sociale. "Nous croyons fermement que l’avenir repose sur une jeunesse bien formée, capable de porter les ambitions numériques du Maroc", a indiqué Chiguer. Il a notamment évoqué la première promotion de boursiers, composée de jeunes brillants issus de différentes régions du Royaume, dont six jeunes filles, qui poursuivent aujourd’hui des études d’ingénierie en France et ailleurs.
Ce programme vise à offrir des opportunités aux jeunes Marocains, tout en renforçant l'égalité des chances dans le domaine des technologies. "Le Maroc regorge de talents prometteurs. Nous avons la responsabilité de les soutenir, de leur donner les moyens de réussir, et de construire ensemble un avenir numérique inclusif et durable", a ajouté Chiguer.
"Nous avons entre nos mains le pouvoir de transformer les défis d'aujourd’hui en opportunités pour demain. Mais ce pouvoir ne peut être pleinement exploité que si nous agissons ensemble, en mettant en commun nos idées et nos compétences", a déclaré Chiguer.
"Ces Assises ne sont pas seulement un lieu de débat, mais aussi un espace où doivent naître des résolutions concrètes pour l’avenir. Ensemble, nous pouvons faire du Maroc un leader numérique, non seulement en Afrique, mais aussi à l’échelle mondiale", a-t-il conclu avec conviction.
Les Assises de l’AUSIM se poursuivent avec des tables rondes et des présentations sur l’adoption des nouvelles technologies dans les entreprises marocaines.
La 7e édition témoigne de la volonté du Maroc de se positionner à l’avant-garde de la révolution numérique tout en intégrant les impératifs de durabilité et d’inclusion.