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Transformation digitale : «La finance arrive en tête des secteurs les plus touchés»

Transformation digitale : «La finance arrive en tête des secteurs les plus touchés»

Mohamed Saad, directeur des systèmes d’information de la Bourse de Casablanca, et président de l’Ausim.


 

Les organisations sont contraintes de s’adapter au mouvement digital, qui touche pratiquement tous les domaines. Pour certains, se convertir au digital n’est plus un luxe.

L’Association des utilisateurs des systèmes d’information au Maroc (Ausim), qui remplit un rôle important dans l’échiquier du développement de la technologie et du digital, sensibilise massivement les directeurs SI et tous les acteurs du monde de l’IT, afin d’adopter le meilleur comportement face à cette disruption digitale.

Les détails avec Mohamed Saad, directeur des systèmes d’information de la Bourse de Casablanca, et président de l’Ausim.

 

 

Finances News Hebdo : Dans le cadre de son nouveau plan stratégique, l’Ausim a placé les problématiques du digital et de la disruption au cœur de sa communication. Pouvons-nous dire que le directeur des systèmes d’information (DSI) marocain en fait aujourd’hui sa plus grande préoccupation ?

 

Mohamed Saad : Aujourd’hui, l’orientation stratégique des organisations pour investir le digital n’est plus un choix. Certes, la criticité dépend du secteur d’activité, ce qui fait que pour certains domaines, tels que la finance, les télécoms ou encore le tourisme, le choix ne se pose plus. Il est exigé, voire imposé, par le client, et ne pas y aller coûte une perte de parts de marché, une perte d’opportunités de diversification de revenus, voire le risque de disparaître, du fait du changement de comportement du client.

Dans cette «disruption», qui est en fait un changement stratégique, organisationnel, procédural, applicatif et donc aussi technologique, le DSI joue un rôle moteur quand il sert de facilitateur, voire d’innovateur, en introduisant, dans la culture de l’entreprise, les outils nécessaires afin de favoriser ce changement.

Dans le cas contraire, c’est un frein au développement. Nous avons remarqué tout au long de ces dernières années des changements à la tête de l’IT chez plusieurs acteurs au Maroc et dans le monde.

La question alors est : «To be or not to be», soit être «In» ou «Out». Les technologies d’aujourd’hui (Cloud, SAAS, Mobility, Big data, Social networks…) ont ébranlé les dogmes très longtemps prisés et défendus par certains DSI, pour laisser place aux solutions centrées sur le service rendu aux clients, offrant une proximité, une qualité et un prix meilleurs.

L’Ausim a fait effectivement de ce grand changement un axe de développement et de promotion des nouvelles technologies. Nous travaillons aussi à une sensibilisation massive des DSI et de tous les acteurs du monde de l’IT, pour qu’ils puissent adopter les meilleurs comportements et acquérir les meilleures connaissances en vue d’accompagner la croissance des organisations et de la société en général.

 

 

F. N. H. : Vous parlez souvent de disruption digitale. Qu’implique-t-elle pour les organisations ?

 

M. S. : Comme cité précédemment, il s’agit d’abord d’une rupture. Avec quoi ? Avec une manière de voir, de faire, de livrer le business, de traiter, de répondre, d’assister le client, de concevoir, d’innover, de marketer le service ou le produit fini, de recruter, de former, d’accompagner le collaborateur, de projeter, de développer, d’agrandir l’entreprise.

Tout ceci implique une nouvelle vision, une nouvelle culture et un mindset en phase avec son environnement. Il ne s’agit pas seulement de se contenter de lancer une application mobile à télécharger sur un store, ni de créer un site web institutionnel, mais de considérer toutes les technologies d’aujourd’hui et de se poser la question : comment peut-on utiliser ces technologies et réinventer son métier, son produit ou service, en proposant une expérience qui, comme cela a été dit précédemment, offre une proximité, une qualité et un prix meilleurs ?

Grâce aujourd’hui à l’économie mondialisée, la population cible est de 3 milliards de clients potentiels qui utilisent Internet, dont 9 sur 10 à partir de leur équipement mobile. En 2025, nous serons 5 milliards, grâce aux projets Google Loon et Facebook Drones, ce qui augmentera de manière exponentielle la consommation du net et de son économie. De ce fait, cette «Market place» ne peut plus être ignorée dans la stratégie de toute organisation qui se respecte.

 

 

F. N. H. : Constatez-vous une prise de conscience de la part des décideurs ? Quels sont les secteurs les plus impliqués selon vos données ?

 

M. S. : Nous avons constaté durant les dix dernières années une préoccupation accrue chez les membres du top management qui assistent à nos évènements.

Ils demandent à être informés et téléchargent nos articles de recherche, nos livres blancs et autres études.

Le secteur de la finance vient en tête des domaines les plus touchés, du fait d’une concurrence entre les institutions, de l’innovation dans les processus et des applications et solutions offertes à des clients de plus en plus avisés, comparant en quelques clics les offres.

Cela vient également du fait que ces institutions disposent d’une manne de données (Data) leur permettant de mieux cibler les clients, mais aussi de mieux évaluer le risque.

En deuxième lieu, on retrouve les opérateurs télécoms, du fait de leur niveau de maturité dans la technologie. Certaines industries ont lancé des réflexions sur l’usine 4.0, en termes d’utilisation des technologies (Internet of Things, Robotisation, Drones, etc.) au service des processus industriels.

L’administration au Maroc est aussi en cours de lancement de sa stratégie e-Gov, et cela s’est concrétisé par la création de l’Agence de développement du digital (ADD).

 

 

F. N. H. : Comment l’Ausim vulgarise-t-elle ces thématiques auprès de ses membres et du grand-public ?

 

M. S. : L’Ausim fête cette année ses 25 ans. Nous n’avons cessé de militer durant toutes ces années pour faire des technologies de l’information un levier de développement et de croissance des entreprises dans le secteur privé, public et semi-public.

Nous avons accordé ces dernières années une grande importance à la petite et moyenne entreprise (PME) et à l’Administration, en répondant au discours royal du 14 octobre 2016, qui exige l’utilisation des technologies d’une manière intégrée afin de faciliter au citoyen l’accès aux services rendus.

L’Ausim organise par ailleurs mensuellement des ateliers de travail autour de thématiques traitant du digital. Nous publions aussi des livres blancs, des études et des recherches permettant aux intéressés de profiter des bonnes pratiques recensées et traitées dans ces livrables. Nous accompagnons aussi le monde de l’éducation en organisant des compétitions (INNOV’IT) inter-écoles d’ingénieurs autour de technologies innovantes telles que l’intelligence artificielle ou la Blockchain, comme nous supervisons également des Lab de recherche.

Nous sommes en cours de création de l’Association des utilisateurs des SI dans l’Afrique francophone.

Nous organisons aussi, une fois tous les deux ans, l’une des conférences les plus suivies en Afrique, à laquelle nous convions des sommités du monde des T.I. et du digital. Plus de 600 participants se retrouvent en conclave à Marrakech pour assister à la quintessence du savoir en matière d’IT.

Les assises de l’Ausim, avec la collaboration du ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique, seront organisées cette année du 24 au 26 octobre sous la thématique «Le Maroc, vers une ère digitale, disruptive».

 

 

 

 

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