En social, les bénéfices de Total Maroc au terme du premier semestre 2016 ont bondi de 116% et frôlent les 400 millions de DH.
Cette croissance colossale provient certes d’une activité commerciale soutenue et d’un mix produit efficace. Elle provient aussi de facteurs conjoncturels : la réévaluation des stocks grâce à la hausse des prix des produits pétroliers sur les marchés internationaux durant le premier semestre 2016.
Un peu plus d’un an après son introduction en Bourse, Total Maroc présente des résultats semestriels qui font déjà saliver les actionnaires. Avec un résultat net social qui frôle les 400 millions de DH, en progression de 116% (!), et un RNPG en hausse de 175% par rapport au premier semestre 2015, dépassant très largement les prévisions du businessplan, cet exercice 2016 s’annonce particulièrement rentable pour le groupe pétrolier. Cette surperformance provient, en partie, de la conjonction de plusieurs facteurs structurels. Ainsi, en termes commerciaux, les volumes de vente ont progressé de 8,7% par rapport au premier semestre 2015, dépassant les 675 mille tonnes. La vente de produits blancs (gasoil et essence), qui représentent près du tiers des volumes totaux de ventes, a progressé de 7,7%. Le GPL a lui aussi le vent en poupe puisqu’il affiche une progression de 15% à 177 KT, tandis que les ventes de lubrifiants (9 KT) sont en hausse de 10,2%.
Mises à part les ventes des produits destinés à l’aviation qui ont reculé, c’est donc tout le mix produit de Total Maroc qui progresse. Une progression d’autant plus marquée, qu’elle a bénéficié de l’élargissement du réseau de distribution. Sept stations-service ont ouvert depuis le 1er janvier 2016, et 5 autres vont suivre avant la fin de l’année. Les 16 stations-service qui ont vu le jour en 2015 ont également contribué à la hausse de la performance commerciale, tout comme l’arrêt du flux informel de produits importés illégalement de l’Oriental où Total Maroc est très présent. Notons tout de même que le chiffre d’affaires du groupe s’est replié de 15%, principalement à cause de la baisse des prix de vente. En résumé, Total Maroc vend plus mais moins cher, ce qui explique le repli du chiffre d’affaires.
Total Maroc a également pu s’appuyer sur l’introduction sur le marché de nouveaux produits à plus forte valeur ajoutée. C’est le cas notamment de Total Excellium, un carburant de qualité supérieure, qui représente, d’après le management, près de 12% des ventes de gasoil avec la «surmarge» qui va avec. «La qualité des produits est un élément différenciant sur le marché marocain», précise à ce propos Jean-Louis Bonenfant, nouveau Directeur général de Total Maroc, lors de la présentation des résultats semestriels. L’élargissement des offres de service et la mise en place de nouveaux concepts tels que le lavage, la vidange (enseigne Hard auto), la croissanterie, etc. génèrent également de la marge pour le réseau.
Effet prix sur les stocks
Cette tonicité commerciale n’explique pourtant pas à elle seule l’ampleur de l’explosion des bénéfices. En effet, d’autres facteurs, cette fois-ci conjoncturels, entrent en jeu. Le plus déterminant : la réévaluation des stocks grâce à la hausse des prix des produits pétroliers sur les marchés internationaux durant le premier semestre 2016. Pas moins de 1 milliard de dirhams de charges ont ainsi été économisés par rapport au premier semestre de 2015.
Conséquence : le résultat opérationnel du pétrolier s’est envolé de 179% sur un an, passant de 188 millions de DH à 525 millions de DH ! Cette volatilité des cours est évidemment à double tranchant. En effet, comme nous l’a expliqué le management, Total Maroc dispose de deux types de stocks. Le stock dit outil, qui est une sorte de stock tactique, et le stock stratégique de sécurité qui permet de faire face à tout risque de pénurie. C'est ce deuxième stock qui représente l'écrasante majorité des réserves du pétrolier, et c'est aussi ce stock que Total Maroc ne couvre pas. Sa valorisation est donc tributaire des marchés internationaux. En cas de baisse des cours, cela pourrait avoir un impact négatif sur le résultat opérationnel. «Les cours sont plutôt stables en ce moment», tempère J.L Bonnenfant.
Outre la valorisation à la hausse des stocks, les profits du groupe ont aussi bénéficié de l’impact du taux d’imposition réduit à 23,25% lié à l’introduction en Bourse de la filiale marocaine du pétrolier français. Le management cite aussi l’amélioration des conditions d’approvisionnement des produits importés, dans un marché mondial favorable. Ce niveau de résultat, outre le fait qu’il enchante les actionnaires (le titre Total Maroc a gagné près de 10% après l’annonce des résultats), va permettre au groupe de poursuivre son programme d’investissement pluriannuel (950 millions de DH sur la période 2014-2016), particulièrement dans la logistique et le GPL. Il devrait aussi permettre d’envisager la distribution d’un dividende en légère hausse. D’ailleurs, précise-t-on chez Total, l’activité de ce premier semestre a permis de dégager un Cash-flow de 462 millions de DH, couvrant et les investissements et les dividendes.
A. Elkadiri