C’est la grande mode, ou du moins, le sujet d’actualité. La finance verte est plus que jamais au cœur de la scène financière qui a fait de ce segment de marché un pilier fondamental. Cette tendance internationale s’est également affichée au Maroc, pays qui s’est engagé à devenir un acteur dans la lutte contre le changement climatiques en entreprenant la voie du développement durable. Rappelons que dans le cadre des NDC (,Nationally Determined Contribution) le Royaume s’est engagé à réduire de 32% ses émissions de gaz à effet de serre, dont 19% conditionnés par un appui financier international.
Aussi, la stratégie énergétique lancée depuis 2009 vise à porter la capacité électrique d’origine renouvelable à 52% et à 20% l’efficacité énergétique, et ce à l’horizon 2030. De grandes ambitions qui nécessitent tout de même la mobilisation de pas moins de 85 Mds de dollars (35 Mds de $ pour l’adaptation et 50 Mds de $ pour l’atténuation), comme l’a récemment précisé Mohamed Boussaid, ministre des Finances.
«Pour parvenir à trouver les 85 milliards de dollars, nous travaillons sur un cadre réglementaire incitatif pour le développement des solutions de financement adaptées aux besoins de l’investissement vert et de la lutte contre le changement climatique. Cela passe par la diversification de la panoplie des instruments financiers offerts et le développement des compartiments verts», a tenu à rappeler Boussaïd lors du dernier meeting sur l’information financière.
En effet, conscient du rôle du secteur financier dans l’aboutissement de cette dynamique qui s’est enclenchée et de la nécessité d’adapter le secteur aux nouvelles tendances, plusieurs actions ont été menées pour ne citer que la mise en place d’un cadre règlementaire visant à promouvoir des instruments de marché dédiés au financement du climat, notamment le fonds d’investissement vert, les obligations vertes…
«Pour financer les premiers projets verts dans notre pays, surtout dans le renouvelable, nous avions recours uniquement aux banques de développement, voire parfois des lignes dédiées à l’environnement. Ce qui n’est plus le cas notamment avec les outils aujourd’hui disponibles pour ne citer que les green bonds, le fonds vert pour le climat…», a précisé Said Mouline, Directeur général de l’Agence marocaine de l’efficacité énergétique (AMEE).
En bon élève, le secteur financier marocain s’est fortement engagé dans cette dynamique qui s’est reflétée, entre autres, dans le lancement de deux green bonds (Masen : 1,150 Md de DH et BMCE Bank 500 MDH). Une tendance qui se poursuivra en 2017 avec le lancement de deux autres émissions vertes (Crédit Agricole du Maroc pour 500 MDH et BCP pour un montant maximum de 2 Mds de DH) qui ont déjà reçu les visas préliminaires.
Au-delà de la dimension locale, le Maroc n’écarte pas non plus la possibilité d’émettre une obligation souveraine verte à l’international, comme l’a souligné le ministre des Finances.
Toutefois, cette dynamique ne doit surtout pas profiter qu’aux projets d’atténuation. Car force est de constater que le financement de l’adaptation reste le parent pauvre de la finance verte à travers le monde. L’enjeu pour notre pays qui subit les effets du changement climatique est d’équilibrer la balance des financements de l’adaptation et de l’atténuation.
«Il ne s’agit pas de financer que les projets dans les énergies mais tous ceux liés au développement durable, notamment l’efficacité énergétique, l’assainissement, la sécurité alimentaire…», a rappelé Said Mouline. En effet, ces outils de financement doivent profiter non seulement aux grands projets mais également aux petits dans une optique d’accompagnement des TPE et des PME (92% du tissu économique) dans leur démarche de durabilité.
Outre la question de l’équilibre, le DG de l’AMEE a mis en garde contre le greenwaching. En effet, pour garantir la durabilité de ces outils et ne pas les détourner de leur finalité, il est nécessaire de respecter un minimum de règles pour financer des projets verts. ■
L.B