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Secteur bancaire: BAM accélère son projet de structure de défaisance

Secteur bancaire: BAM accélère son projet de structure de défaisance

 Bank Al-Maghrib suit avec les banques les discussions pour la mise en place d'une structure de gestion spécialisée dans le recouvrement des créances et l'option de création d'un fonds de reprise des créances en souffrance. 

 Objectif : alléger les bilans des banques d'une partie des créances en souffrance et résorber une partie de l’encours de prêts non performants en vue de leur permettre de consentir de nouveaux crédits.

 Une étude a été lancée avec l'appui de la SFI pour examiner les options et les freins aux plans légal, réglementaire et opérationnel.

 

Par A. Elkadiri

 

Habituées aux stress-tests simulés, les banques sont en train d’en vivre un grandeur nature, inédit par son ampleur. Au regard de la position systémique qu’occupent les banques dans notre économie, la Banque centrale s’est très tôt mobilisée, avec un objectif : maintenir la capacité des banques à financer l’économie et à distribuer des crédits, malgré le contexte de crise économique aigüe et les tensions sur les liquidités.

«Les différentes mesures prises jusqu’ici répondent au souci de renforcer les capacités des acteurs bancaires et leur fournir les incitations nécessaires pour soutenir les ménages et les entreprises dans ces circonstances exceptionnelles marquées par de fortes incertitudes, alléger la pression sur la trésorerie des emprunteurs et assurer le financement de leurs besoins urgents au cours de l’état d’urgence sanitaire», détaille la Banque centrale contactée par Finances News Hebdo.

Bank Al-Maghrib (BAM) a ainsi pris une série de mesures spécifiques visant à répondre aux besoins de liquidités des banques en dirhams et en devises, et ce en triplant leur capacité de recours aux avances de l’institution d’émission. Elle a aussi renforcé le refinancement par les banques des crédits aux TPME, en élargissant son programme aux crédits de trésorerie octroyés à cette catégorie d’entreprises. Ainsi, le volume des injections de Bank Al-Maghrib est passé de 67 milliards de dirhams le 12 mars 2020 à un pic de 105 milliards le 23 avril, avant de s’atténuer à 94 milliards le 14 mai 2020, nous rappelle la BAM.

Sur le plan prudentiel, Bank Al-Maghrib a pris également des mesures d’accompagnement des établissements de crédit, couvrant les exigences en matière de liquidité, fonds propres et de provisionnement des créances. Elle a aussi, rappelons-le, appelé les établissements de crédit à suspendre la distribution des dividendes au titre de 2019.

Les résultats ne se sont pas fait attendre : à fin avril, près de 440.000 demandes de report ont été approuvées par le secteur bancaire pour un montant global d’échéances reportées de 5,6 milliards de dirhams correspondant à un encours de 105,5 milliards de dirhams. S’agissant des crédits additionnels Damane Oxygène, ils ont bénéficié à 17.600 entreprises pour un encours de crédits de 9,5 milliards de dirhams au 21 mai.

En outre, ces mesures contribuent également à préserver l’offre des crédits en dehors de Damane Oxygène et les conditions de financement de l’économie. «Les crédits octroyés par les banques aux entreprises au cours des mois de mars et avril, suite au déclenchement de la crise sanitaire, ont fortement progressé pour répondre aux besoins exprimés et les aider à faire face à la gestion de la crise. Les crédits de trésorerie ont connu, sur ces deux mois, une hausse additionnelle par rapport à février, de près de 17 milliards de dirhams, soit +8,8%», nous apprend BAM.

 

Structure de défaisance

Il va sans dire que dans ce contexte de crise économique, l’autre préoccupation majeure pour les établissements bancaires et les autorités monétaires réside dans la montée en flèche des impayés. Déjà avant la crise, le niveau des créances en souffrance était jugé élevé (près de 7,5% de l’encours total des crédits). Avec la crise et la hausse attendue des défaillances d’entreprises, ce ratio pourrait encore grimper, limitant par conséquent la capacité du secteur bancaire à financer les ménages et les entreprises. A cet effet, la solution pourrait venir de la mise en place d’une structure de défaisance, déjà dans les petits papiers de la Banque centrale, mais dont la crise actuelle pourrait accélérer la mise en œuvre. «S’agissant de la défaisance et des solutions pouvant alléger les bilans des banques d'une partie des créances en souffrance, les schémas envisageables peuvent porter notamment sur des opérations de titrisation, de cession directe de créances ou de restructurations industrielles et financières. La finalité de ces mesures est de résorber une partie de l’encours de prêts non performants en vue de permettre aux banques de consentir de nouveaux crédits», explique BAM.

«Bank Al-Maghrib suit avec les banques les discussions pour la mise en place d'une structure de gestion spécialisée dans le recouvrement des créances et l'option de création d'un fonds de reprise des créances en souffrance», poursuit la même source. Ces discussions explorent les scénarios d’intervention, les portefeuilles qui pourraient être ciblés et les modalités de partenariats à envi- sager ainsi que les structures de services nécessaires. «Une étude de diligence a été engagée dans ce sens», fait savoir la Banque centrale.

En parallèle, Bank Al-Maghrib a lancé une étude avec l'appui de la Société financière internationale (SFI), filiale du groupe de la Banque mondiale, pour examiner les options et les freins aux plans légal, réglementaire et opérationnel.

Selon BAM, «Cette étude permettra d'identifier les amendements d’ordre législatif ou réglementaire à même de faciliter la mise en œuvre de solutions de défaisance répondant à des critères d'agilité et à moindre coût. Elle identifiera également les mesures nécessaires au plan opérationnel pour améliorer la performance du recouvrement des créances dans le contexte marocain». 

 

        Reportings réguliers et ajustements

En tant que membre du Comité de veille économique (CVE), Bank Al-Maghrib est au cœur de la prise de décision des mesures pour limiter les impacts de la crise pandémique de la covid-19 sur les ménages et les entreprises, dont plusieurs concernent le secteur bancaire. Dans ce cadre, la Banque centrale se mobilise pour coordonner les consultations préparatoires avec le secteur bancaire et les différentes parties prenantes, préalablement à la prise des décisions de ce comité, ainsi que dans l’accompagnement du déploiement de ses décisions. Le suivi des réalisations fait l’objet de reportings ad hoc et les difficultés détectées à travers les banques ou la clientèle sont examinées pour prendre les mesures complémentaires qui s’imposent, souligne BAM. Cette démarche permet de corriger rapidement le tir lorsque des difficultés apparaissent : cela a notamment donné lieu au traitement de la problématique des intérêts intercalaires (désormais pris en charge par l’Etat) ou encore à un assouplissement du produit de financement Damane Oxygène.

 

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