Le ralentissement de la croissance du réseau bancaire s'accompagne d'un ralentissement de la croissance des effectifs.
En 2017, les effectifs des banques ont augmenté de seulement 1,4% par rapport à 2016.
La digitalisation croissante nécessite de nouveaux profils.
Le ralentissement de la croissance du réseau bancaire s'accompagne d'un ralentissement de l'évolution des effectifs. Depuis 2012 en effet, le rythme de croissance du réseau bancaire est sur un trend baissier, avec une croissance de 1,7% en 2017 contre une moyenne de 9% au cours de la période 2007-2016. En 2017, le nombre de guichets bancaires s’est établi à 6.388, soit 105 agences additionnelles au lieu de 144 un an auparavant, dont 61 nouveaux guichets ouverts par les banques conventionnelles. A titre de comparaison, durant les années 2000, le réseau bancaire enregistrait près de 300 agences annuelllement, comme ce fut le cas en 2008 par exemple (306 nouvelles agences).
La conséquence immédiate du ralentissement de la croissance du réseau, dans un contexte de digitalisation croissante des services bancaires et d’usage des nouvelles technologies, est perceptible : les effectifs n’ont augmenté que de 576 salariés en 2017, en trés légère progression de 1,4%. A titre de comparaison, en 2010, l'effectif des banques avait cru de quelque personnes 1.230 personnes.
Au-delà de cette dimension quantitative, la question est de savoir si le phénomène de la digitalisation a modifié substantiellement les besoins en ressources humaines des banques. Avec cette nouvelle donne, il est aussi judicieux d’appréhender les métiers les plus impactés et les tendances futures, tout en identifiant les profils qui ont la cote au sein des différentes banques marocaines et sous d’autres cieux (voir encadré).
L’impact du digital sur l’activité bancaire est bien sur perceptible, même si, en réalité, en agence, les profils n'ont pas trop évolués, pour le moment. «Nous constatons un fort paradoxe. L’utilisation des outils digitaux et l’évolution des agences est une réalité ... mais sur le fond, les métiers n’ont pas encore beaucoup évolué, en particulier en agence», nous affirme un consultant dans les métiers de la banque. Et de faire remarquer qu’«il s’agit d’un défi de taille pour la formation et l’information des collaborateurs, car les clients sont de plus en plus informés. Un investissement dans le capital humain est donc nécessaire».
Plus de Bac+5, moins de Bac +2
En clair, les banques marocaines devraient «reprofiler» leurs ressources humaines afin de les mettre en phase avec les nouvelles attentes des clients fortement influencés par l’usage du numérique.
Dans le même temps, notre interlocuteur fait l’inventaire des profils dont les banques auront davantage besoin. Il s’agit d’experts, avec une hausse des recrutements de niveau Bac+5 au lieu de Bac+2, de spécialistes de la data (ingénieurs, techniciens informatiques) et de Community manager chargés d’animer et de diffuser le savoir. La tendance devrait également aller vers davantage de flexibilité et de diversité dans le recrutement.
L’autre donne de taille à souligner est l’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur les métiers ayant trait au back-office : (know your customer, saisies automatisées, etc.). Autant d'éléments qui ne manqueront pas d'impacter les métiers de la banque.
Ce qui se passe sous d’autres cieux
En France, on assiste à une baisse de l’effectif des banques (-1,2% en 2017), au nombre de 366.200 employés. La particularité à relever est que cette baisse tendancielle des effectifs est corrélée à la hausse de l'emploi qualifié et pérenne. Les diplômés de niveau Bac +4 ou Bac +5 représentent plus de la moitié des recrutements en CDI. Notre interlocuteur apporte un éclairage édifiant sur l’évolution des métiers dans le secteur bancaire en France. «En Europe, en France notamment, nous assistons à une accélération de l’évolution des profils, même si fondamentalement les choses changent lentement, un peu comme un grand navire changeant de cap», analyse-t-il. Et de constater que «les métiers liés au back-office voient leurs effectifs fondre du fait de l’automatisation des tâches. Grâce à la digitalisation des parcours, se développent fortement les Middle office, avec des compétences relationnelles nouvelles pour les personnes impactées».
Certains anachronismes sont également à relever. Par exemple, la fonction de chargé d’accueil tend à disparaître, alors qu’il s’agit d’un relais humain important dans la reconnaissance des clients. A l’inverse, les fonctions RH, de conformité et celles liées à la compliance et la formation sont renforcées. Ceci dit, en France, tout reste à faire, car les référentiels de la Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) restent encore très «traditionnels», même si des réflexions sont menées pour définir de nouvelles familles plus transverses.
Par M. Diao