Alors que l’obligation pour les banques de publier leurs comptes trimestriels est entrée en vigueur en 2018, à ce jour seuls deux établissements ont dévoilé leurs résultats. Explications.
Les observateurs les plus avertis du secteur bancaire marocain l’ont sans doute constaté : plusieurs banques de la place, dont les trois banques panafricaines, n’ont toujours pas publié leurs résultats au titre du premier trimestre 2018.
En effet, l’entrée en vigueur en 2018 de la publication des comptes trimestriels (sociaux et consolidés) des banques, suite à la publication en 2016 de la circulaire 4/W/16 relative aux conditions de publication des états de synthèse par les établissements de crédit (voir encadré), oblige ces dernières à dévoiler leurs copies arrêtées fin mars, et ce au plus tard le 31 mai.
En ce qui concerne le retard enregistré pour la publication des comptes consolidés, rien d’anormal. On se souvient en effet que la Banque centrale avait diffusé en début d’année une circulaire qui offrait un délai supplémentaire aux banques pour leur publication.
Dans cette circulaire, la direction de la supervision bancaire relevant de Bank Al-Maghrib avait demandé aux banques la certification de la première application de la norme IFRS 9. Cette certification doit intervenir préalablement à la publication des comptes consolidés au titre du premier trimestre 2018, d’où l'octroi d'un délai de grâce pour les comptes consolidés jusqu'à fin juillet 2018.
Pour les comptes sociaux en revanche, aucun délai supplémentaire n’avait été accordé.
Or, à cette date (le 19 juin), seules deux banques ont publié leurs comptes sociaux. Il s'agit de Crédit du Maroc (qui a aussi publié par la même occasion ses comptes consolidés avec l’impact de la norme IFRS 9) et de CIH Bank.
Une dérogation «légitime»
Nous avons sollicité Bank Al-Maghrib pour avoir plus d'explications. Celle-ci nous apprend que les banques ont demandé une dérogation pour différer la publication de leurs comptes sociaux afin de les publier en même temps que les comptes consolidés.
«Les banques ont sollicité une publication unifiée des deux types de comptes, en s’appuyant sur le délai supplémentaire qui leur est accordé pour la publication des comptes consolidés, dans le cadre de la mise en œuvre de la norme IFRS9», nous apprend-on auprès de la Banque centrale.
«Cette situation s’explique par un souci, de la majorité des banques, d’aligner la publication de leurs comptes consolidés avec celle de leurs comptes sociaux», poursuit la même source. La Banque centrale a donc accédé à cette demande.
Cette explication est corroborée par le dirigeant d’une banque de la place : «Cette demande de dérogation est tout à fait légitime», fait-il savoir d’emblée, «en particulier pour les banques panafricaines qui ont un périmètre de consolidation très complexe».
Pour ces établissements, le traitement des alignements entre comptes sociaux et consolidés demandrait plus de temps. Il faudra donc encore patienter pour connaître les résultats au titre du premier trimestre 2018 de toutes les banques au Maroc. La publication des comptes sociaux et consolidés interviendra au plus tard le 31 juillet avec, nous dit notre banquier, un bilan d’ouverture inchangé. ■
Huit établissements bancaires concernés par la circulaire
La circulaire du 10 juin 2016 oblige les banques dont le total bilan dépasse 30 Mds de dirhams (soit les 8 plus grandes banques marocaines), à partir de cette année, de publier des états trimestriels arrêtés au 31 mars et au 30 septembre. Ces états doivent contenir le bilan de la banque et le compte de produits et charges sur un trimestre.
L'établissement est obligé d'expliquer les écarts positifs ou négatifs avec la même période de l'année précédente, mais peut ne pas faire certifier ses comptes. La circulaire stipule en effet que l'établissement doit faire apparaître une mention expresse indiquant s'il s'agit d'états vérifiés ou non par les commissaires aux comptes.
Concernant les délais, les 8 plus grandes banques marocaines visées par cette circulaire doivent publier les comptes arrêtés au 1er trimestre le 31 mai de chaque année et ceux arrêtés au 3ème trimestre au plus tard le 30 novembre.
Signalons que les banques sont les premières entreprises faisant appel public à l'épargne à être obligées de diffuser des informations financières trimestrielles.
D’autres entreprises, peu nombreuses, cotées à la Bourse de Casablanca, ont déjà sauté le pas et publient volontairement des indicateurs trimestriels. ■
A. E