Une rentabilité financière de 17,4% pour Société Générale qui profite des risques et de l'optimisation du coût des ressources
Alors que sa maison-mère annonce son intention de libérer deux milliards d'euros de capital d'ici 2020 pour améliorer la rentabilité offerte aux actionnaires (inférieure à 6%), Société Générale Maroc, elle, profite d'un bon alignement des planètes pour afficher une rentabilité financière (R.O.E), la plus élevée de la place, devançant toutes ses rivales, y compris les 3 banques panafricaines.
Avec un R.O.E de 17,4%, Société Générale a de quoi faire saliver les investisseurs. Cette banque non cotée offre à son actionnaire français une rentabilité supérieure de 5 points à celle proposée par Attijariwafa bank. Selon des calculs récents du département Analyse et Recherche du Crédit du Maroc, la française profite de la baisse de sa contentialité. Société Générale Maroc profite aussi d'une baisse importante du coût des ressources. Un seul bémol : son taux de couverture est relativement bas par rapport aux autres banques. Cela ne l'empêche pas d'ailleurs de réduire fortement son coût du risque, largement plus vite que le marché, ce qui améliore ses bénéfices et donc ce fameux R.O.E.
Alors que la Banque centrale écarte toute perspective de hausse des taux à court terme, mettant les marges des banques sous pression, la question de la rentabilité financière du secteur devient omniprésente. En Europe, où les conditions sur les taux sont plus drastiques, les banques cherchent à liquider des actifs (c'est le cas pour le groupe français Société Générale qui cherche à restituer 2 milliards d'euros de capital d'ici 2020 à ses actionnaires pour améliorer la rentabilité financière) ou à défaut, d'améliorer leurs coûts d'exploitation.
Sur ce point, signalons qu'au Maroc, Attijariwafa bank affiche le meilleur coefficient d'exploitation. Un insolant 39,2%, contre un minimum de 49,1% chez les 7 autres banques qui constituent le panel étudié par la Recherche de Crédit du Maroc. Pour sa part, Société Générale augmente ses charges d'exploitation de plus de 7% en 2017. Mais son PNB progresse plus vite (+10,7%).
Pour afficher un R.O.E aussi élevé, Société Générale profite aussi d'un coût du risque en forte baisse. Avec BMCI, ce sont les 2 banques qui améliorent le mieux leur coût du risque en 2017 : il baisse de 130 pbs pour les deux banques quand la moyenne sectorielle sur la même période est de 24 pbs seulement. Paradoxalement, le taux de couverture de Société Générale dépasse à peine 50% (54,6%), très loin des plus prudents du marché, Crédit du Maroc et ses 82,4%. On a eu l'occasion de constater comment la banque filiale du Crédit Agricole S.A a pu intégrer sans dégâts les impacts de l'IFRS9 au premier trimestre, justement en grande partie grâce à cette politique proactive de couverture.
Autre levier actionné par Société Générale : le coût des ressources. Selon les analystes de CDM, la banque enregistre la baisse la plus forte de son coût des ressources à fin 2017, sous l’effet de l’optimisation des depots à terme, suite à la baisse importante des encours moyens par rapport à l’année 2016.
Quoi qu'il en soit, Société Générale offre la meilleure rentabilité financière de la place. En revanche, c'est le Crédit Agricole du Maroc qui affiche le ROE le plus faible (5,6%) en raison, essentiellement, de la hausse du coût du risque.
En 2017, hormis CIH Bank et Attijariwafa bank, toutes les banques sont parvenues à améliorer leur rentabilité financière. ■
A.H