La réunion tripartite prévue en mars très attendue.
Les banques et le patronat attendent de l’Etat qu’il se mouille davantage.
Le gouvernement fera-t-il sauter le verrou posé par la loi 69-00 ?
Par D. William
Les réunions se succèdent et se ressemblent. Les mesures prises pour booster la machine du crédit semblent visiblement insuffisantes,
Dans cette configuration, ce sont bien évidemment les PME qui sont dans une mauvaise posture. Des réponses devraient être apportées à l’occasion de la réunion tripartite prévue en mars prochain entre Bank Al-Maghrib, le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Une réunion très attendue par le patronat, qui espère que des mesures appropriées seront adoptées pour donner un peu d’oxygène aux entreprises, en particulier les PME.
La semaine dernière, Salaheddine Mezouar, patron des patrons, a été clair à ce propos. «Avec le ministère des Finances, il va falloir gérer cette phase, et j’ai demandé la mise en place de fonds de garantie pour accompagner la transition, parce que nous sommes dans une phase critique», a-t-il dit, non sans préciser que «c’est le rôle d’un gouvernement. Il y a une responsabilité politique pour continuer à financer les entreprises».
En matière de financement, l’attitude de la CGEM a bien changé : elle ne s’en prend plus aux banques, mais bien au gouvernement. En réalité, les banques, prises dans l’étau d’une réglementation de plus en plus contraignante, semblent passablement irritées par un gouvernement qui leur demande toujours de faire des efforts. Mais, alors que fait justement le gouvernement pour décanter une situation que la CGEM juge d’ores et déjà «critique» ?
A l’évidence, pas grand-chose. Pourtant, les banques ont déjà une petite idée de ce qu’il peut faire pour irriguer l’économie. A commencer par faire sauter le verrou posé par la loi n° 69-00 relative au contrôle financier de l'Etat sur les entreprises publiques et autres organismes (B.O. du 18 décembre 2003).
Dans son article 7, cette loi stipule que, «sauf dérogation accordée par le ministre chargé des Finances, les fonds disponibles des établissements publics sont déposés au Trésor». Certains banquiers estiment qu’au lieu d’être «gelés» au niveau du Trésor, ces fonds peuvent être placés auprès des banques, avec de meilleurs rendements. Surtout, ces dernières disposeront de suffisamment de liquidités à réinjecter dans l’économie.
Et ce n’est pas le seul levier qu’on peut activer. Pour certains banquiers, il faut une réflexion plus globale, où chacun des acteurs devra poser des actes concrets. La CGEM doit rendre plus bancables les dossiers des entreprises, à travers, entre autres, la qualité des informations financières et leur certification par des commissaires aux comptes, et la qualité des prévisions financières en formalisant les businessplans produits pour les établissements de crédit, en support des projets présentés.
De leur côté, les banques devront s’engager sur des enveloppes de financement à mettre en place si jamais les prérequis cités ci-haut sont remplis par les entreprises.
Enfin, le gouvernement doit initier un certain nombre de mesures de soutien. Ahmed Rahhou, PDG de CIH Bank, pense à ce titre «qu’un mécanisme tel que le fonds de soutien, qui a fonctionné en 2016, 2017 et 2018, doit être remis en marche puisqu’il est en fin de vie», surtout dans un contexte où les entreprises rencontrent de plus en plus de difficultés en raison de la problématique des délais de paiement.
Pour Kamal Mokdad, Directeur général du groupe BCP, en charge de l’International, la réunion de mars doit aboutir un «Pacte de financement», avec des engagements clairs qui pourraient être pris de part et d’autre entre le secteur bancaire, la CGEM et l’Etat.
Ces mesures devraient évidemment être soutenues par la Banque centrale, à travers le pilotage du taux directeur et l’injection des liquidités qu’il faut pour accompagner l’économie.
A l’évidence, la rencontre prévue en mars promet d’être décisive. Car les banques, qui s’y rendront l’escarcelle pleine, ont visiblement l’intention de ne plus accepter d’être considérées comme de simples roues de secours. Pour ne pas dire comme les dindons de la farce. ◆