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Nexans Maroc - «L'énergie renouvelable est le marché de demain»

Nexans Maroc - «L'énergie renouvelable est le marché de demain»

Karim Benis

Karim Bennis, administrateur-Directeur général de Nexans Maroc, nous reçoit dans les locaux du site de production casablancais. Il revient sur les réalisations 2015 du spécialiste des câbles et des systèmes de câblage. Il évoque également les multiples pistes de croissance de la société qu’il dirige : Afrique, câbles de contrôle, énergies renouvelables, etc. Le leader national en a encore beaucoup sous le pied pour pérenniser son développement. Entretien.

Finances News Hebdo : Vous avez réussi à tirer votre épingle du jeu en termes de réalisa­tions commerciales malgré un environnement marocain compliqué, notamment dans le BTP. Quelle a été votre stratégie pour maintenir vos parts de marché au Maroc dans ce contexte ?

Karim Bennis :  Globalement, l’année 2015 a été difficile. Tout le monde sait que le marché du bâti­ment a connu une décroissance en 2015. Mais pas seulement. En effet, le marché des infrastructures a connu également des difficultés, en lien avec la baisse du marché du BTP. Par ailleurs, le Maroc étant déjà électrifié à pratiquement 99%, les besoins en électrification étant satisfaits, cela impacte négative­ment le marché des infrastructures.

Dans cet environnement, Nexans Maroc a réussi à continuer à développer ses ventes en 2015, puisque nous avons réalisé une croissance de notre chiffre d’affaires de 4,5% par rapport à l’exercice précédent. Nous considérons que c’est un résultat globalement satisfaisant dans un tel contexte. Sur le marché marocain, nous avons enregistré une baisse de notre chiffre d’affaires, mais nous avons réalisé une crois­sance de nos parts de marché, en ciblant beaucoup mieux nos ventes et nos services en fonction des besoins de chacun de nos segments de client.

F.N.H. : Les exportations, notamment vers l’Afrique, ont largement contribué à la crois­sance du chiffre d’affaires. Quel est aujourd’hui le poid des activités africaines dans celle de Nexans Maroc ? Comment comptez-vous pérenniser ce développement ?

K. B. : Effectivement, nous avons réalisé une crois­sance de nos exportations, essentiellement sur le marché africain. Il faut savoir que Nexans a démarré ses activités africaines au milieu des années 1990. Nous avons été à ce titre l'une des sociétés précur­seurs dans le développement africain. Aujourd’hui, l’export représente quasiment 45% du niveau global de nos ventes, ce qui démontre notre ancrage dans le marché africain. C’est un marché où nous faisons pratiquement chaque année des croissances à deux chiffres et en 2015, nous y avons réalisé une perfor­mance de +49%.

Nous sommes très présents dans deux régions essentielles, à savoir la région maghrébine et celle subsaharienne. Concernant l’Afrique subsaharienne, nous sommes présents en particulier dans la zone UEOMA (Union économique et monétaire ouest afri­caine) où nous avons accompli notre plus grosse croissance. Nous continuons aussi à croître dans un certain nombre de pays anglo-saxons et en Afrique du centre.

Nexans Maroc dispose déjà d’une filiale au Sénégal, et nous sommes en train d’effectuer des études pour nous implanter commercialement et industriellement dans d’autres pays clients comme la Côte d’Ivoire, le Bénin ou encore la Guinée.

F.N.H. : Nexans Maroc a récupéré l’activité «câbles de contrôle» d’Allemagne. Quel est le potentiel de ce nouveau métier ?

K. B. : Un câble de contrôle permet de transmettre dans une usine une information d’un endroit à un autre, pour les besoins d’exploitation et d’automa­tisme. Cette production était assurée en Allemagne dans l'une des usines du groupe. Cette technologie a été transférée sur notre site de Mohammedia et nous avons démarré début 2015 l’industrialisation de cette gamme de produits. Son homologation a été assu­rée auprès des plus grands organismes européens de contrôle. Nous sommes opérationnels depuis le dernier trimestre de l’année 2015 et nous livrons aujourd’hui ces câbles au marché européen à partir de notre usine de Mohammedia.

Il faut savoir qu’à part le cuivre qui est importé, l’ensemble de la valeur ajoutée est marocaine, avec une intégration à 100% locale. Nous vendons sur l’ensemble de l’Europe, et nous visons dans les prochains mois le marché asiatique. Nous projetons, pour cette activité, un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros à l’export à moyen terme.

F.N.H. : Vous avez annoncé récemment que Nexans Maroc compte se positionner sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables (solaire et éolien notamment). Pouvez-vous nous en dire plus ? Avez-vous déjà identifié des marchés dans ce sens ?

K. B. : L’énergie renouvelable et l’efficacité énergé­tique sont les marchés de demain. Aujourd’hui, avec les besoins de développement durable, de protection de l’environnement et de réduction des coûts de l’énergie, une société opérant dans le secteur élec­trique ne peut ignorer de se préparer à être un acteur important dans ces métiers-là. Nous travaillons forte­ment pour développer notre présence sur ce marché, essentiellement dans le solaire et l’éolien. Nexans Maroc a toujours accompagné le Royaume dans ces évolutions, que ce soit en termes de programmes d’infrastructures ou en termes d’industrialisation. Nous envisageons également de l’accompagner pour son énorme programme consacré aux énergies renouvelables. Nous avons déjà identifié un certain nombre de projets sur lesquels nous travaillons et nous adaptons notre gamme de produits pour servir ces marchés. Nous en dirons plus une fois que nous serons prêts.

F.N.H. : Comment jugez-vous la valorisation boursière de Nexans Maroc ? N’est-elle pas sous-évaluée à vos yeux ?

K. B. : Nous considérons en effet que l’action Nexans Maroc est sous-évaluée, étant donné que nous évoluons dans un secteur à très fort potentiel et à développement pérenne. Aujourd’hui, on parle d’énergies renouvelables, d’immeubles intelligents, de villes connectées, etc. Tout cela fait que nous évoluons dans un secteur d’avenir doté d’un très fort potentiel, sans parler de l’Afrique où les besoins en électrification sont extrêmement élevés

Propos recueillis par Amine Elkadiri

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