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Marché interbancaire : deux réformes pour une gestion des risques plus robuste

Marché interbancaire : deux réformes pour une gestion des risques plus robuste

Bank Al-Maghrib annonce l'introduction de deux nouveaux segments interbancaires dès le début de 2025. Déjà soutenu par des réformes successives, le marché des capitaux s’enrichira de ces nouvelles initiatives pour améliorer la transparence et la liquidité.

 

Par Y. Seddik

Après le lancement en 2020 de l'indice Monia (Moroccan Overnight Index Average), qui visait à renforcer la transparence et la fiabilité des taux de référence, Bank Al-Maghrib s'apprête à franchir une nouvelle étape. En effet, l'institution prévoit, pour 2025, l’introduction de deux segments stratégiques : un marché à terme de swaps de taux au jour le jour et un marché de change à terme interbancaire. Ces initiatives visent à offrir aux opérateurs des solutions avancées pour optimiser la gestion de la liquidité et des risques. Pour mieux appréhender l’importance de ces réformes, il est nécessaire de rappeler que le marché interbancaire joue un rôle central dans le système financier.

Comme l’explique un expert sollicité à ce sujet, «le marché interbancaire est l’épine dorsale de tout système financier. C’est à travers lui que se décide le coût du crédit, que s’ajuste la liquidité bancaire et que se transmettent les orientations de la politique monétaire». Ainsi, toute réforme de ce marché a des implications stratégiques, qui dépassent souvent le cadre bancaire. Actuellement, les instruments échangés sur le marché interbancaire se limitent principalement aux dépôts interbancaires et aux pensions livrées.

Bien que ces outils soient efficaces, ils restent insuffisants face aux nouveaux besoins de gestion du risque et d’arbitrage financier. C’est pourquoi Bank Al-Maghrib s’efforce d’élargir les options disponibles pour les acteurs du marché.

Bâtir une courbe monétaire en Dirham

La création d’un marché à terme de swaps de taux au jour le jour est bien plus qu’une avancée technique. «La mise en place d’une courbe monétaire en Dirham est une étape fondamentale pour améliorer la lisibilité des anticipations de marché», souligne notre expert. Cette courbe offrira aux acteurs financiers un baromètre des conditions monétaires pour faciliter les prises de décision en matière de gestion de trésorerie et d’investissement. Il ajoute que «dans les marchés matures, ces courbes sont utilisées non seulement pour gérer les risques de taux, mais aussi comme outils de pricing pour des produits structurés et des dérivés. Leur absence au Maroc limite aujourd’hui la sophistication de l’offre financière et la capacité des institutions à répondre aux besoins complexes de leurs clients».

De plus, une courbe monétaire fiable permettra à Bank Al-Maghrib d’affiner ses interventions sur le marché monétaire. Cela renforcera non seulement la crédibilité de la politique monétaire auprès des investisseurs, mais également la transparence globale du système financier. Un autre impact notable de ce marché est la réduction des coûts de financement pour les entreprises. En effet, «avec une courbe monétaire claire, les entreprises auront accès à des taux de référence plus compétitifs, ce qui pourrait alléger le coût du capital et encourager l’investissement dans l’économie réelle», précise notre source.

Un bouclier contre la volatilité du Dirham

Le marché de change à terme interbancaire, deuxième volet de cette réforme, s’inscrit dans un contexte où les entreprises marocaines font face à des défis croissants liés à la volatilité des devises. En effet, «l’élargissement progressif des bandes de fluctuation du Dirham était une étape nécessaire pour renforcer la flexibilité du régime de change. Mais cette flexibilité, bien que toujours de faible amplitude, a aussi amplifié les risques pour les opérateurs économiques, surtout ceux dépendant fortement des importations ou exportations», analyse notre expert, pour qui un marché de change à terme donnera aux entreprises un instrument pour se prémunir contre les variations abruptes des devises. Ainsi, cela leur permettra de planifier leurs opérations internationales avec davantage de certitude, en verrouillant des taux à l’avance.

Un autre point important réside dans la création d’une liquidité plus stable sur le marché des changes. Aujourd’hui, «l’absence d’un marché de change à terme pousse de nombreuses entreprises à chercher des solutions coûteuses ou inefficaces, souvent à l’étranger. Ce segment devrait non seulement réduire leur dépendance aux services offshores, mais aussi favoriser le développement d’un marché local de la couverture de change», nous explique-t-il.

Enfin, l’impact potentiel sur la balance des paiements ne doit pas être sous-estimé. En effet, «avec la diminution des incertitudes liées aux taux de change, ce marché pourrait inciter davantage d’entreprises marocaines à exporter, ce qui va sans doute renforcer les entrées de devises et réduire, plus ou moins, la vulnérabilité du Maroc face aux chocs externes», conclut-il. Quoi qu’il en soit, ces deux initiatives, bien que distinctes, s’enrichissent mutuellement. Ainsi, avec ces nouveaux segments, Bank Al-Maghrib répond à un double impératif : moderniser les outils financiers pour accompagner l’évolution des besoins économiques et renforcer la crédibilité du système interbancaire.

 

 

 

 

 

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