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Les investisseurs s'accrochent au monde d'avant

Les investisseurs s'accrochent au monde d'avant

La crise de la Covid-19 n'a rien changé aux préférences des investisseurs en Bourse : ils continuent d'acheter des défensives, comme avant.

 

Par A. Hlimi

 

La crise de la Covid-19 a changé et continue de changer beaucoup de paradigmes dans notre monde. Les économistes parlent d'un «New normal», marqué par la «déconsommation», le protectionnisme et le retour, plus ou moins prononcé, de l'Etat-providence.

Mais dans ce nouveau monde, comme dans l'ancien, les Banques centrales soutiennent toujours la croissance, l'inflation est faible et la Bourse fonctionne exactement de la même façon : les investisseurs achètent les valeurs solides qui ont trop baissé ou les valeurs de croissance qui sont sur des marchés porteurs et qu'ils maîtrisent.

Et il est remarquable de voir que sur plusieurs Bourses, comme au Maroc, ces secteurs et entreprises sont les mêmes qu'avant. Sur le marché actions, l'ancien monde ressemble beaucoup au nouveau.

Un rebond difficile à expliquer

Alors qu'on nous annonce la pire crise économique depuis la deuxième guerre mondiale - depuis 150 ans même selon un rapport de la Banque mondiale publié cette semaine - les Bourses progressent. Certaines, comme le Nasdaq, ont retrouvé et même dépassé leurs sommets d'avant Coronavirus.

Au Maroc, après une baisse historique de 25% en quelques jours, l'indice Masi a rebondi. Il a gagné 14% depuis ses plus bas de mars, alors que l'économie devrait enregistrer sa première récession depuis 20 ans et les secteurs clés du marché, comme le secteur financier, connaissent des chocs sans précédent.

Mais il faut se placer du côté des investisseurs et comprendre leurs contraintes pour expliquer ce rebond. Pour Ouissem Berbouchi, président de Obafrica Asset Management, un fonds spécialiste des marchés boursiers africains, les investisseurs sont tiraillés par deux phénomènes qui justifient cette hausse. Il a appelé ces phénomènes «Tina» et «Fomo», lors d'un webinar organisé par CDG Capital sur le sujet. Selon lui, la faiblesse des taux ne laisse en réalité que peu de choix aux investisseurs.

C'est le fameux «Tina», acronyme de (There is no alternative) : sans alternative de rendement dans les autres compartiments, les investisseurs acceptent de se tourner vers les actions. Ces derniers se positionnent également sur les actifs risqués de peur de rater la prochaine hausse, concept appelé «Fomo» (Fear of missing out). «Maintenant, le marché actions commence à offrir des opportunités à ceux qui regardent plus loin, bien que le contexte ne soit pas très favorable», résumet-il.

Même discours chez Rachid Outariate, Directeur général de CDG Capital Bourse. Selon lui, malgré les incertitudes, les investisseurs reviennent à l'achat pour profiter de valorisations faibles, particulièrement sur des entreprises solides dont les fondamentaux ne sont pas ébranlés.

Les secteurs qui marchent

IT, grande distribution, agroalimentaire : Ces 3 thématiques se sont distinguées en temps de crise. L'ironie est que ce sont les mêmes secteurs qui surperformaient les mois qui ont précédé la crise. Fin 2019, les taux bas et le potentiel de croissance de certaines entreprises IT et grande distribution justifiaient l'intérêt.

Désormais, c'est la robustesse des bilans dans l'agroalimentaire ou encore le faible impact de la Covid-19 sur l'IT et la grande distribution qui sont mis en avant. «Des acteurs de la distribution moderne, en l’espace de 3 mois, ont gagné 2 à 3 ans de développement», analyse Barbouchi. Le spécialiste conseille aussi le secteur des paiements et celui des télécommunications.

Ceux qui vont suivre

Selon les experts qui se sont exprimés lors de cette rencontre, l'environnement des taux bas permettrait aux entreprises plus impactées par la crise, même celles endettées, de revenir audevant de la scène après la crise sanitaire. Il s'agit par exemple du BTP où certains opérateurs sont exposés sur la commande publique et n'attendent que la levée du confinement pour retrouver un rythme de production normal.

Ceci alors que leurs cours de Bourse n'ont pas profité de la hausse. Pour ceux qui ont raté le premier train où le Masi a gagné 14%, il faudra être présent en gare pour le prochain, lorsque cette catégorie d'entreprises signalera que la crise est derrière et que l'activité reprend normalement. Rendezvous à la rentrée ?

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