Contexte d’attentisme marqué par une crise de confiance et une autre de croissance.
Les épargnants pointent du doigt les cours cibles proposés par les analystes.
Investir en Bourse n’est pas chose aisée pour les épargnants particuliers, autant que pour les professionnels du marché que sont les sociétés de Bourse et les bureaux de recherche de la place. Les premiers sont dans la quête permanente de fructifier leurs portefeuilles et minimiser les risques de pertes en Bourse, alors que les seconds sont contraints de gérer le tempérament des clients ayant subi de plein fouet la baisse du marché. Certes, dans ce contexte d’attentisme qui semble prévaloir sur le marché boursier marqué par une crise de croissance et une crise de confiance de la part des investisseurs, les cours des valeurs cotées ne cessent de se détériorer. Ainsi, face à cette situation, les bureaux d’analyse et recherche de la place casablancaise devraient fournir davantage d’efforts pour faire ressortir des opportunités d’investissements boursiers pouvant compenser les pertes enregistrées par les investisseurs. Ces derniers ont tendance à oublier les principes d’investissement en Bourse en l’assimilant aux jeux de hasard. En effet, le mot «Casino» est toujours évoqué dans ces discussions. Or, le gain rapide privilégié par les investisseurs ne s’applique pas au marché boursier, d’autant plus qu’il s’inscrit dans une tendance baissière. Par conséquent, tous les professionnels de la place ne ménagent aucun effort pour inciter leur clientèle à agir en «bon père de famille» en optant pour des placements moyen ou long terme. Dans ce sens, toutes les expériences et les statistiques à travers le monde ont démontré que la Bourse est toujours rentable une fois le cap des 5 ans dépassé. Mais cette rentabilité est à relativiser. D’où, d’ailleurs, le rôle du conseiller en placement de la société de Bourse qui, sur la base des notes et recommandations des départements de recherche, essaye d’orienter le client vers des choix rationnels en mettant en exergue les opportunités qui se présentent sur le marché. Justement, c’est sur les opportunités proposées que les clients s’alarment. Les cours cibles proposés sont très éloignés de la réalité du marché. Mais, comme l’a souligné Youssef Benkirane, président de l’Association Professionnelle des Sociétés de Bourse (APSB), l’analyste financier ne doit pas être jugé sur la recommandation ou le cours cible qu’il ressort, mais davantage sur la pertinence des hypothèses sous-jacentes à son analyse.
Par ailleurs, les bureaux d’étude partagent globalement la même opinion sur l’opportunité actuelle d’investir en Bourse. Dans un marché boursier où l’indice clôture les 4 premiers mois de l’année en baisse de 6,65%, conjuguée à celle réalisée en 2011 de près de 13%, la Bourse est sensiblement impactée, comme d’ailleurs la majorité des secteurs vitaux du pays, par la crise économique internationale. Néanmoins, des secteurs cotés et non des moindres du tissu économique arrivent à tirer leur épingle du jeu en réalisant des performances notables en 2011. On cite notamment le secteur minier, celui des assurances, l’industrie pharmaceutique et les pétrole et gaz. Donc, un investisseur ne pourra que se réjouir de la performance réalisée s’il avait investi dans les sociétés cotées relevant de ces secteurs. De plus, parmi les points importants sur lesquels le consensus de la place met davantage l’accent, c’est de s’orienter vers les valeurs de rendement. En effet, la Bourse de Casablanca dispose du meilleur rendement de dividende de la région pour l’année 2011 : il s’élève ainsi à 3,7%. Il est vrai que la chute des cours traduit une réévaluation plus réaliste des perspectives économiques par les investisseurs. Il reste toutefois que les conditions pour une reprise durable des marchés ne sont pas réunies : l’environnement économique et financier ne semble pas prêt de s’améliorer et les multiples de valorisation ne sont pas suffisamment bas. De facto, s’orienter et bien choisir les actions à fort rendement et distribuant des dividendes importants constituerait une alternative pour les investisseurs de compenser les pertes enregistrées sur les cours des titres. Des rendements annuels pouvant atteindre les 6% pour certaines valeurs, une opportunité recherchée par tous les épargnants, hésitants et frileux quant à la mise de leurs fonds.
Sur un autre volet, investir sur une valeur prise individuellement sur un marché en perte de vitesse constitue une erreur à éviter pour la plupart des épargnants. En clair, attendre un retour sur investissement sur un titre qui se comporte mal en Bourse et même dans son secteur et réinvestir sur un autre titre ayant les mêmes caractéristiques, ne pourrait qu’accentuer les pertes qui s’accumulent au fil du temps. A ce sujet, les professionnels du marché suggèrent constamment à leur clientèle ne disposant pas des outils nécessaires pour investir, de confier leur épargne aux véhicules de placements collectifs, à savoir les OPCVM.
Dossier réalisé par S. Z. & M. B.
Sensibilisation
Outre la création de l’Association marocaine des relations avec les investisseurs (l’AMRI), différentes initiatives ont été mises en place visant notamment la sensibilisation des émetteurs et l’échange d’informations avec les analystes financiers à travers des réunions One to One. «Prochainement, nous allons mettre en place une page dédiée à la recherche publiée par les sociétés de Bourse sur le site de la Bourse de Casablanca», précise Hajji.