Les financements mieux ciblés.
Des appels à restructurer les plans sectoriels pour intégrer les spécificités entrepreneuriales de chaque région.
Pour illustrer l’intervention de la banque dans le soutien de l’économie nationale, Rachid Agoumi, Directeur général Banque de l’Entreprise et de l’International au sein de la Banque Centrale Populaire, a cité un certain nombre de statistiques sur le secteur bancaire au Maroc. C’est ainsi que jusqu’en 2006 le secteur bancaire affichait une croissance annuelle moyenne des crédits de 5%. «On est passé de 280 Mds de DH de financement de l’économie à 685 Mds de DH en 2011», précise Agoumi. Pendant ce temps, les dépôts de la clientèle ont aussi évolué, mais beaucoup moins vite, en moyenne de 7%. Par conséquent, les banques se retrouvent en 2011 avec moins de dépôts et plus de crédits, ce qui les pousse à financer leurs besoins à moyen terme par des dettes, ce qui nécessite des augmentations des capitaux propres.
Pour autant, malgré cette évolution des crédits, les créances en souffrance sont passées de 16% en 2006 à 5% en 2011. De même, grâce à la supervision de Bank Al-Maghrib, l’inflation est restée dans des niveaux très supportables pour l’économie marocaine.
Quant à la répartition du financement, les banques sont de plus en plus réticentes à octroyer les crédits à des secteurs qui affichent des niveaux de sinistralité relativement élevés. Comme l’explique Agoumi, «quand un secteur présente des difficultés, c’est normal qu’une banque réfléchisse à deux fois sur le projet avant de l’accompagner. Par contre, si c’est un secteur qui présente un potentiel très important comme le secteur de l’énergie, nous ne trouvons pas de souci à le financer». Comme le montrent les statistiques, deux grands secteurs (l’industrie et les BTP), absorbent plus de 30% des financement à l’économie.
Selon des experts en la matière, cette approche semble un peu biaisée puisqu’on peut avoir affaire à une entreprise qui présente des opportunités d’investissement avec des projets à forte valeur ajoutée, mais qui appartient à un secteur très compétitif ou à risque. «En tant qu’investisseur, ce qui compte pour nous le plus c’est la qualité du management des entreprises que nous accompagnons. Dans l’analyse bancaire des projets, mis à part la batterie de ratios financiers qui est une méthode parfaitement saine, il faut intégrer la dimension humaine et évaluer le capital humain des entreprises et développer la notion des banques de proximité», affirme Bassim Jai Hokimi, président Atlamed Corporate Investment.
En outre, la croissance sectorielle est souvent liée à un territoire donné, la compétitivité d’une région impliquant souvent le développement d’un secteur particulier. De ce fait, les ministères de tutelle, en collaboration avec le secteur bancaire, sont appelés à élaborer des stratégies régionales par secteur, ce qui assure une allocation plus équilibrée des ressources entre les différentes régions du Royaume tout en ciblant les opportunités qui se présentent dans chacune d’elles. Cette configuration des plans sectoriels aura aussi comme point fort l’équilibrage du rapport de force entre les PME et les grandes structures qui bénéficient généralement de la part du lion dans l’accompagnement sectoriel. Bref, toutes les parties prenantes doivent mettre la main à la pâte afin d’intégrer les petits secteurs dans leurs politiques pour une meilleure compétitivité régionale.
Par S. Zeroual