Pour la deuxième fois consécutive, la compagnie d’assurances Atlanta associe son image au Meeting sur l’information financière au Maroc.
Son Directeur général, Jalal Benchekroun, nous parle de l’apport de la dématérialisation et de la transformation digitale dans le secteur des assurances.
Finances News Hebdo: La deuxième édition du Meeting sur l’information financière a choisi pour thème : «La dématérialisation et le marché financier». Qu’en pensezvous?
Jalal Benchekroun: Le marché financier n’aurait pas pu se développer à l’échelle mondiale depuis plusieurs décennies sans la dématérialisation des titres et des échanges. C’est principalement le cas pour les marchés boursiers, le secteur bancaire, le marché des changes, etc. De ce fait, on peut penser de prime abord, que le thème «La dématérialisation et le marché financier» ne soit pas d’actualité. Toutefois, le développement des outils informatiques et des moyens de télécommunication donne une autre dimension à la dématérialisation et ouvre de nouveaux horizons pour d’autres composantes du marché financier, et notamment le secteur des assurances. Aussi, je pense que le thème choisi pour cette édition est très intéressant et correspond à un sujet d’actualité marquée par la «révolution» digitale et la course vers le tout digital et le zéro papier. D’ailleurs, rien que la semaine dernière, Maroclear et le GPBM ont signé un accord pour développer un service de dématérialisation des titres pour les sociétés non cotées.
F.N.H.: Quels sont les impacts de la digitalisation sur le secteur des assurances ?
J. B.: A mon sens, il faut distinguer entre deux sujets concernant la digitalisation sur le secteur des assurances et les impacts qu’elle peut induire. Le premier sujet concerne l’image, la notoriété et la communication des compagnies d’assurances. A ce titre, toute compagnie qui se veut moderne et dynamique doit profiter des outils de plus en plus nombreux et efficaces pour toucher un large public de clients et prospects. Les sites Web, les applications mobiles et les canaux de communication digitale (Facebook, Twitter, LinkedIn, presse électronique, etc.) sont autant d’outils que les compagnies d’assurances utilisent de plus en plus pour se positionner et se distinguer de la concurrence. Tout cela, s’il est bien utilisé, aura un impact positif sur le secteur des assurances et permettra au grand public de mieux connaître ce secteur et d’avoir, je l’espère, plus de confiance dans les compagnies d’assurances. Condition sine qua none pour souscrire plus de contrats d’assurances non obligatoires et relever ainsi le taux de pénétration du secteur dans le PIB. Le deuxième sujet concerne le cœur de métier de l’assurance. A ce niveau, j’aimerais évoquer trois volets qui constituent pour moi l’essentiel du métier d’assureur. D’abord, la segmentation de la clientèle pour avoir des populations d’assurés homogènes permettant une mutualisation parfaite entre des profils similaires. Sur ce volet, la digitalisation et les big data permettent des possibilités extraordinaires. Si ce volet n’est pas encore investi par les compagnies marocaines, je pense qu’il le sera très prochainement et celles qui se lanceront les premières prendront une bonne longueur d’avance par rapport à leurs concurrents. L’impact positif de ce volet serait des produits sur-mesure et des tarifs différenciés selon le comportement de chaque assuré. Ensuite, la commercialisation des produits d’assurances sur le net. Là aussi, les compagnies marocaines sont en retard sur ce volet et ce, pour des raisons légales (obligation d’avoir des contrats signés par l’assuré et l’assureur, délivrance de l’attestation automobile, etc.), de confiance des assurés et d’organisation du marché (entre intermédiaires et compagnies). Le développement futur de ce volet aura certainement un impact important sur le marché compte tenu des réductions de coûts que permet ce type de commercialisation, et de l’impact sur les réseaux de distribution d’un développement de vente directe. Le service après-vente, c’est certainement ce qu’attend le plus l’assuré (en plus du tarif). En effet, la digitalisation permet aujourd’hui de traiter les sinistres et les demandes spéciales des assurés dans des délais record et à moindres coûts. L’utilisation du digital par les compagnies d’assurances sur ce volet permettra certainement de plus en plus de satisfaction des clients et par là de plus en plus de souscription également. Les compagnies, pour leur part, clôtureront des dossiers sinistres plus rapidement et traiteront moins de réclamations des assurés.
F.N.H.: Quelle place occupe le digital dans la stratégie de votre compagnie ?
J. B.: Pour Atlanta, et compte tenu de tout ce qui précède, nous avons, depuis quelques années, mis le digital au cœur de notre stratégie de développement. D’ailleurs, pour notre plan triennal 2015-2017, nous avons choisi comme slogan «la compagnie connectée». Aussi, nous avons investi dans la communication digitale et nous assurons une veille permanente sur ce volet. Par ailleurs, nous avons investi énormément en solutions informatiques, en applications mobile et en solutions Web pour apporter le meilleur service après-vente à nos clients et faciliter ainsi la vie à nos assurés et à notre réseau de distribution (Agents et courtiers). Toutefois, pour ce qui est de la vente en ligne, nous nous sommes préparés, mais nous observons l’évolution du marché (réglementation, pratique, modèle idéal avec les intermédiaires, etc.) avant de nous lancer sur ce volet. Enfin, pour la segmentation de la clientèle en utilisant les big data et les nouveaux outils de tarification, nos actuaires travaillent sur le sujet pour être prêts le moment opportun.
Propos recueillis par W. E.M.