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Jouahri : les taux bas peuvent plomber la rémunération de l’épargne

Jouahri : les taux bas peuvent plomber la rémunération de l’épargne

Photo Sohaib Zefri, @FNH.ma


 

A l’occasion de la Journée mondiale de l’épargne, co-organisée par le Groupe CDG et le Groupe Barid Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib, a consacré une parti de son intervention à la problématique des taux bas qui n’est pas sans implications pour l’épargne.

Le gouverneur a ainsi rappelé qu’au niveau mondial, les taux d’intérêt, qui ont connu une baisse spectaculaire depuis 2008 pour se situer à des niveaux proches de zéro, voire même négatifs dans certains pays, sont appelés à rester bas, et les plus pessimistes prédisent qu’ils ne retrouveront pas leurs niveaux d’avant crise même à long terme.

«La situation de «too low for too long» ou «très bas pour très longtemps», comme on la décrit, est devenue ainsi un fait stylisé de l’économie mondiale», a indiqué le Wali.

Et de souligner qu’une telle situation n’est pas sans conséquences sur la rémunération de l’épargne et celle des fonds de retraites.

«Des taux aussi bas ne sont pas sans effets négatifs sur l’épargne des ménages qui voient leurs efforts pratiquement anéantis; de même, les fonds de pension enregistrent une baisse et une faiblesse persistantes de leurs rendements qui pèsent sur la viabilité de certains d’entre eux», ajoute-t-il.

Le Wali estime également que la liquidité abondante et à faible coût s’est traduite par une aggravation des taux d’endettement aussi bien publics que privés, sans qu’elle ne profite nécessairement à l’économie réelle. Elle est davantage canalisée, à des fins spéculatives, vers l’investissement dans les actifs, notamment boursiers, conduisant ainsi à leur surévaluation et amplifiant les risques sur la stabilité financière, et donc sur l’écosystème de l’épargne.

Et de résumer : «si théoriquement des taux bas peuvent aider à relancer l’investissement et la croissance après un cycle baissier, dans un contexte de ralentissement persistant et de fortes incertitudes, ils peuvent avoir des effets néfastes sur le système financier et sur l’économie dans sa globalité».

 


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Le cas marocain

Cette sortie du gouverneur de la banque centrale n’est pas anodine. Elle intervient alors que plusieurs acteurs de la sphère économique appellent avec insistance à une nouvelle baisse du taux directeur de la banque centrale (le Centre marocain de conjoncture étant le dernier en date).

Abdellatif Jouahri brandit en effet souvent l’argument de la rémunération de l’épargne parmi les raisons qui l’incite à maintenir le taux directeur à son niveau de 2,25%. Une baisse supplémentaire de ce taux induirait, selon lui, une rémunération encore plus faible de l’épargne, qui se situe déjà à des niveaux historiquement bas. L'impact sur la rémunération des placements des fonds de retraites (CIMR, CMR, etc.) est également perceptible, ce qui les oblige à se tourner vers des placements offrant de meilleurs rendements (marché actions, PPP, etc.)

Ce risque est d’autant plus prégnant au Maroc où le taux d’épargne demeure faible. «Les données disponibles sur l’épargne montrent que nous avons un grand défi à relever sur ce volet. L’épargne des ménages, qui se situe autour de 14% de leur revenu disponible brut, serait beaucoup plus faible en comparaison internationale, sans les transferts des Marocains résidant à l’étranger et la faiblesse des cotisations», a-t-il fait savoir. Ainsi, au Maroc, la population en âge d’activité qui épargne est deux fois moins élevée que la moyenne des pays de la catégorie à revenu intermédiaire-inférieur. «Ces niveaux seraient encore plus bas si l’on se limitait à l’épargne auprès des institutions financières», ajoute le Wali.

Cette situation ne semble pas s’améliorer, comme le laisse indiquer l’évolution des dépôts bancaires. «Comme je l’ai souligné lors des points de presse à l’issue des réunions trimestrielles du Conseil de Bank Al-Maghrib, les dépôts des ménages connaissent un ralentissement assez préoccupant au cours de ces dernières années. Selon nos statistiques, la progression des dépôts à vue est en nette décélération et ceux à terme ont perdu près de 10% de leur volume depuis fin 2015», fait-il observer. 

 

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