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Gestion de la dette publique : les cartes gagnantes du Trésor

Gestion de la dette publique : les cartes gagnantes du Trésor

Dans un contexte de désinflation et de conditions monétaires plus favorables, le Trésor s’appuie sur une stratégie articulée autour de la maîtrise des coûts, une gestion active des échéances et un équilibre entre financement intérieur et extérieur pour gérer sa dette.

 

Par Y. Seddik

Faut-il vraiment s’inquiéter de la dette publique au Maroc ? À chaque préparation budgétaire, la question revient avec insistance parmi les analystes. Pourtant, un examen approfondi des données et de la stratégie adoptée tend à rassurer. Le gouvernement, conscient des enjeux, s’engage ainsi dans une gestion disciplinée de la dette. Non seulement elle reste soutenable, mais elle est aussi appuyée par des choix structurés et réfléchis. En étant majoritairement intérieure, à long terme et adossée à des taux fixes (avec une part de plus 89%), la dette publique repose sur des bases solides.

L’ambition de ramener le ratio de la dette sous la barre des 66,3% du PIB d’ici 2027, et ce malgré la trajectoire des réformes et investissements actuels, témoigne de la résilience budgétaire visée par le Maroc. Cette année, les indicateurs de coût et de risque de la dette restent bien orientés. Au premier semestre 2024, le taux moyen pondéré (TMP) des bons du Trésor a fléchi à 3,777%, contre 3,923% fin 2023, ce qui signifie une amélioration des conditions de financement. La durée de vie moyenne de la dette s’allonge également, atteignant 7 ans et 9 mois (+6 mois).

Dans le détail, la dette intérieure passe à 7 ans et 3 mois (+7 mois), portée par un intérêt croissant pour les maturités de 5 ans et plus, tandis que la dette extérieure atteint 9 ans et 2 mois (+2 mois). Sur le plan du court terme, la proportion dans le portefeuille de la dette progresse à 12,4% en juin 2024 (contre 11,8% fin 2023). Cette hausse concerne surtout la dette intérieure (15% contre 13,9%), alors que la part du court terme dans la dette extérieure diminue à 4,3% (contre 8,7%). En parallèle, la part de la dette à taux variable reste stable à 11,4%. De son côté, la gestion active de la dette par la Direction du Trésor a permis d’atténuer les pressions de refinancement, avec six opérations d’échange totalisant 14,2 milliards de dirhams de rachat, dont 8,3 milliards pour 2024 et 6 milliards pour 2025. Ces échanges allègent le calendrier des tombées de près de 2,1 milliards de DH par mois en moyenne sur les deux années. Cette stratégie s’est traduite par des économies sur les charges d’intérêts : 37,9 millions de DH gagnés, dont 34,1 millions issus du rachat anticipé des échéances 2024 et 3,8 millions de DH sur les tombées de 2025. Cette approche proactive optimise non seulement les coûts de la dette, mais contribue aussi à une meilleure maîtrise des flux de trésorerie, allégeant ainsi la pression sur le budget de l’État.

Un marché domestique favorable

En termes de financement, le marché domestique continue d’offrir des conditions favorables au Trésor. Depuis 2023, les investisseurs montrent un intérêt croissant pour les maturités moyennes et longues, profitant d’une baisse des taux dans un contexte de désinflation. L'assouplissement de 25 points de base du taux directeur par Bank Al-Maghrib en juin 2024 a également renforcé cette tendance, soutenant la dynamique de financement intérieur. En conséquence, la demande des investisseurs a reculé de 56,7% en un an, pour atteindre 171,9 milliards de DH à fin juin 2024. Cette diminution s'explique par une baisse des besoins bruts de financement du Trésor, reflétant une réduction des tombées de la dette.

Le financement s’est concentré sur les maturités de cinq ans et plus, captant ainsi 60,4% des levées, contre seulement 19,5% l’année précédente. Ce choix prudent permet d’étaler les échéances et d’optimiser le profil de risque de la dette intérieure. Du côté des financements extérieurs, le Trésor a également revu sa stratégie en réduisant les tirages, qui s’établissent à 21 milliards de DH pour le premier semestre 2024, contre 33,4 milliards de DH en 2023. Cette rationalisation est en ligne avec l’objectif d’optimisation des coûts et des risques. Les fonds mobilisés proviennent exclusivement de créanciers officiels, à des conditions avantageuses. Sur le plan de l’allocation, 16 milliards de DH ont été dédiés aux réformes structurelles, tandis que 3,3 milliards de DH, issus d’un prêt du FMI, visent à renforcer la résilience budgétaire du Royaume. 

 

 

 

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