L’annonce du démarrage du processus de fusion entre Lafarge et Holcim a provoqué un véritable électrochoc pour la Bourse de Casablanca qui accueillera désormais le deuxième plus grand cimentier coté en Afrique. Retour sur cette mégafusion et ses implications sur la place boursière.
Les quelques séances boursières qui ont suivi l'annonce rappellent étrangement le début de l'année 2010 et la fusion ONA/SNI : les indices boursiers ont tout simplement pulvérisé leurs plafonds annuels à la recherche de nouveaux plus hauts. D'ailleurs, il est fort probable que l'année 2016 soit une année exceptionnelle pour les placements en actions grâce à cette opération. A l'heure où nous mettions sous presse, la Bourse de Casablanca enregistrait une hausse annuelle de près de 7%, tirée essentiellement pendant la dernière semaine par les grandes capitalisations que sont Holcim et Lafarge.
Les faits
SNI et le groupe international LafargeHolcim ont l’intention de proposer aux organes de gouvernance de Lafarge Ciments et de Holcim Maroc une fusion-absorption de Holcim Maroc par Lafarge Ciments, sur la base d’une parité d’échange égale à 1,20 action Lafarge Ciments pour 1 action Holcim Maroc. Les analystes financiers font remarquer que cette opération d'égal à égal correspond finalement aux capitalisations boursières des deux entreprises. Il n'y a ni vainqueur ni vaincu. Cette opération sera accompagnée d’un rééquilibrage, réalisé par une cession à la SNI de la moitié des actions nouvelles LafargeHolcim Maroc reçues par LafargeHolcim à l’issue de la fusion. Ce rééquilibrage sera suivi d’un apport des actions nouvelles détenues par la SNI et LafargeHolcim à Lafarge Maroc permettant à SNI et à LafargeHolcim de conserver leur contrôle paritaire de Lafarge Maroc et à Lafarge Maroc de conserver la majorité du capital et le contrôle de LafargeHolcim Maroc. Pour la suite, l’opération sera soumise au visa de l’Autorité marocaine du marché des capitaux. Ses modalités seront déterminées par les Conseils d’administration et présentées au vote des Assemblées générales extraordinaires de Lafarge Ciments et de Holcim Maroc et aux autres conditions et dispositions usuelles. Tout cela durant l'année en cours. Par ailleurs, dès la réalisation de la fusion, LafargeHolcim et SNI proposeront au Conseil d’administration de l’entité fusionnée, LafargeHolcim Maroc, la distribution d’un dividende exceptionnel prélevé sur la prime de fusion. C'est ce dividende exceptionnel qui nourrit les spéculations actuelles sur les deux valeurs.
Des synérgies estimées à 445 MDH
Le chiffre d’affaires combiné des deux sociétés représentera plus de 8 milliards de dirhams (pro forma 2015). LafargeHolcim Maroc restera coté en Bourse, et constituera la première capitalisation boursière industrielle de la Bourse de Casablanca et le deuxième groupe cimentier coté en Afrique. Selon BMCE Capital Bourse, la fusion Lafarge/Holcim devrait, au volet des synergies, générer un gain annuel de 445 millions de dirhams sur une période de 2 ans. Les ventes de ciment augmenteraient de leur côté entre 1 et 3% en 2016, selon la même source.
Les opérateurs attendent maintenant avec impatience la note d'information relative à la fusion qui permettra d'en savoir plus sur les capacités de ce géant. A noter enfin que depuis l'annonce de la fusion, les deux valeurs caracolent en tête des progressions. Holcim gagne ainsi 22% depuis le premier janvier 2016, alors que Lafarge s’adjuge 17,4% à la clôture du 22 mars.
SNI et LafargeHolcim s'allient en Afrique
SNI et LafargeHolcim ont convenu d’élargir leur partenariat à l’Afrique subsaharienne francophone, notamment dans les pays suivants : Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gabon, Mali, Mauritanie, République démocratique du Congo, République du Congo et Sénégal. Le projet sera porté par LH Maroc Afrique, filiale à 100% de leur joint-venture marocaine Lafarge Maroc. Cette nouvelle société, qui sera le véhicule de développement de LafargeHolcim et de SNI dans la zone, se fixe pour objectifs d’investir dans la production de ciments et de clinker dans les pays d’Afrique subsaharienne francophone. Pays où les besoins en logements et en infrastructures présentent des opportunités majeures de développement. Ce faisant, les partenaires font du Maroc un hub régional au service du développement des économies des pays d’Afrique subsaharienne francophone.
Adil Hlimi