Un calendrier pour la transition progressive du Dirham vers un régime de change flexible sera annoncé le mois prochain par la Banque centrale. La ligne de précaution et de liquidité de 5 milliards de dollars, qui expire en juin, est en voie de reconduction. Quant au taux directeur, la Banque centrale se dit prête à le baisser de nouveau.
Le passage du Dirham d’un régime de change fixe à un régime flexible est un sujet qui revient régulièrement au devant de l’actualité, et ce depuis plus de 20 ans. Il semblerait désormais que ce changement ait dépassé le stade de la réflexion et que le calendrier s’accélère, enfin. Dans une déclaration rapportée par l’agence américaine Bloomberg, Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), a annoncé que le «Maroc décidera de la manière et du timing précis pour passer au régime de change flexible en mai prochain et ce, en concertation avec une délégation du Fonds monétaire international (FMI) qui se déplacera dans le Royaume dans les prochains jours». Les autorités marocaines discuteront avec les experts du FMI du calendrier et des étapes nécessaires à mettre en place, a ajouté A. Jouahri.
Ce qui est sûr, c’est que ce passage oh ! combien important et délicat ne se fera pas dans la précipitation. Selon le gouverneur de BAM, «la Banque centrale envisage d’abord l'élargissement des bandes de fluctuation du Dirham, puis observera la façon dont le marché réagira à ce changement. C’est un processus qui prend habituellement quelques années». Ce n’est qu’après cette étape que les forces du marché pourront déterminer la valeur du Dirham avec une intervention limitée, avant de le laisser complètement libre, a souligné Jouahri, qui prenait part à Washington, avec une délégation marocaine, à une série de rencontres avec le FMI et la Banque mondiale. Pour mener à bien la migration vers le régime de change flexible, les opérateurs marocains, notamment les exportateurs, bénéficieront d’un accompagnement technique pour se mettre à niveau, a-t-il aussi précisé. Cette transition, associée à la fin du contrôle des capitaux, est une demande insistante du FMI depuis plusieurs années.Elle et doit contribuer à l’attractivité du Maroc en tant que hub régional.
La LPL en voie de reconduction
La majorité des observateurs, y compris certains membres du gouvernement, la croyait désuète. L’amélioration constante des réserves en devises et l’embellie des équilibres macroéconomiques laissaient présager une non-reconduction de la LPL. Finalement, le Maroc ne s’estime pas assez solide pour s’en passer. A en croire les propos du ministre des Finances, Mohamed Boussaïd, également rapportés par Bloomberg, «le Maroc envisage sérieusement de renouveler la ligne de précaution et de liquidité (LPL) du FMI pour un montant de 5 milliards de DH qui expire en juin, sans avoir pour autant l’intention de l'utiliser». Rappelons que les deux précédentes LPL contractées par le Maroc auprès du FMI n’ont jamais été tirées. «Il s’agit d’un parapluie contre les mauvais jours», justifie l’argentier du Royaume. Enfin, au chapitre de la politique monétaire, Jouahri a déclaré à la même source que la Banque centrale se tient prête à procéder à une nouvelle baisse du taux directeur «s’il y a besoin de redonner un coup de fouet à la croissance».
Amine El Kadiri