"La libéralisation partielle du régime de change au Maroc aura un impact limité sur le secteur bancaire du pays", selon Fitch Ratings
Les banques sont peu susceptibles de faire face à des risques significativement plus élevés liés à une plus grande volatilité du régime de change, car leur exposition en monnaies étrangères est minime dans leurs activités domestiques. les prêts en monnaies étrangères presque entièrement liés au commerce, les dépôts en monnaies étrangères sont rares et l'appel aux marchés des capitaux internationaux est minime, selon Fitch.
Les positions nettes ouvertes en monnaies étrangères sont faibles et représentent généralement moins de 5% des actifs. "Ainsi, la libéralisation du dirham aura vraisemblablement un impact limité sur la stabilité macroéconomique à court et à moyen terme", explique l'agence.
Fitch s'attend à ce que le "nouveau" régime de change soit graduel et progressif, ce qui entraîne une légère augmentation de la volatilité du dirham par rapport au panier de monnaie auquel il est actuellement ancré. Pour l'agence, "les risques d'un ajustement net du dirham sont faibles car le taux de change est aligné sur ses fondamentaux, selon la dernière évaluation du FMI". Les finances publiques et l'accès au marché ne devraient pas être affectés de manière significative car la dette publique est principalement libellée en dirhams et détenue par des investisseurs nationaux. Les réserves du Maroc et la ligne de précaution et de liquidité du FMI fourniraient un tampon important en cas de stress externe, chose que Fitch ne prévoit pas.
Les importateurs marocains de petite et moyenne taille seraient les plus touchés en cas d'affaiblissement du dirham, compte tenu de leur accès limité aux outils de couverture de change. Cependant, les bons de commande à terme de ces sociétés ont tendance à être à court terme, afin qu'ils puissent répercuter les coûts d'importation croissants à leurs clients. Par ailleurs, Fitch ne s'attend pas à ce que le portefeuille de crédits des banques se dégrade à cause de cette réforme.
Les grandes entreprises marocaines utilisent déjà activement des dérivés de change et les banques ne s'attendent pas à ce que ces emprunteurs aient des problèmes pour gérer leurs prêts FC une fois que le régime de change évoluera.
Les banques actives dans le trading de devises ou capables d'offrir des instruments de couverture à leurs clients peuvent bénéficier des opportunités résultant d'une volatilité accrue des taux de change. Il s'agit notamment de Attijariwafa Bank, l'une des plus grandes banques avec la franchise de banque d'affaires et de placement la plus développée et les filiales des principales banques françaises, qui peuvent exploiter l'expertise en produits dérivés de leurs maisons-mères.
Pour Fitch, bien que les autorités ont avancé la date de juin 2017 pour démarrer la réforme, ce scénario semble maintenant peu probable. L'agence de notation s'attend plutôt à ce que le déploiement démarre au deuxième semestre de l'année, avec une longue période de mise en place, qui pourrait atteindre jusqu'à 15 ans.