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«Faire de Maroclear un dépositaire central d’envergure en Afrique»

«Faire de Maroclear un dépositaire central d’envergure en Afrique»

ameda

Dans cet entretien réalisé en marge de la 23ème conférence de l’AMEDA à Tanger, Fathia Bennis, présidente de Maroclear, insiste sur la nécessité d’une coopération accrue entre dépositaires centraux de la région pour faire face ensemble aux risques et défis de demain, notamment ceux liés à la cybersé­curité et à l’innovation de la Blockchain. Elle fait également le point sur les avancées réalisées dans le cadre de son plan stratégique.

Finances News Hebdo : Maroclear vient d’accueillir la 23ème conférence de l'AMEDA. En quoi l'intégration régionale et la coopéra­tion entre dépositaires de la région sont-elles une nécessité ?

Fathia Bennis : L’Afrique est, et continuera à être de plus en plus attractive pour les investisseurs, avec des opportunités d’investissements indéniables dans plusieurs secteurs, dont la finance. Le Maroc est l’un des premiers investisseurs africains dans la zone de l’Afrique de l’Ouest. Son rôle prépondérant en faveur du développement de l’Afrique n’est plus à démon­trer. De grandes institutions bancaires ou encore du secteur des assurances et de l’immobilier sont très actives en Afrique et contribuent considérablement à ce développement Sud-Sud.

Face à ce défi de coopération et à la nécessité de sceller des partenariats stratégiques, les dépositaires centraux africains se doivent, en tant qu’Institutions systémiques sur leurs marchés financiers, d’assurer ces interconnexions pour faire de l’Afrique un conti­nent de poids sur la scène financière internationale.

Cette conférence vient confirmer cette volonté des dépositaires centraux de la région de travailler main dans la main en faveur du développement de la région. Pour preuve, les participants ont bénéficié de deux jours d’échange d’expériences et de best-practices.

F.N.H. : Quels sont les principaux défis (tech­nologiques, etc...) qui attendent les déposi­taires centraux, en général, et Maroclear, en particulier, dans un avenir proche ?

F. B. : Comme vous le savez, la colonne vertébrale d’un dépositaire central est son système d’informa­tions, avec évidemment derrière les femmes et les hommes qui le pilotent. Cette année, l’AMEDA a traité des thèmes d’actualité dans lesquels tous les déposi­taires centraux sont impliqués et engagés : le défi de la sécurité, et plus précisément de la cybersécurité et comment parvenir à se prémunir de ces attaques, l’innovation de la blockchain et tous les avantages qu’elle promet en termes de transparence et de sécurité pour le transfert d’actifs, mais également le risk management, ou comment identifier, évaluer et prioriser au mieux les risques relatifs à nos activités de dépositaires centraux.

Le défi d’un dépositaire central, au-delà des enjeux stratégiques de développement, c’est sa capacité à être continuellement aligné sur les meilleurs stan­dards. Nous avons évoqué, entre autres, les défis liés à la résilience de nos systèmes, à la standardisation des échanges, au e-learning et à la nécessaire diver­sification de nos services. Le grand intérêt de cet événement est de pouvoir justement confronter les expériences et les défis de chacun et de réaliser un benchmark entre pays membres.

F.N.H. : Peut-on avoir un bilan à mi-parcours du déploiement de votre plan de développe­ment stratégique ? Quelles sont les avancées réalisées jusqu'à présent ?

F. B. : Nous sommes aujourd’hui aux deux tiers du déploiement de notre plan triennal de développement stratégique, car son achèvement est prévu pour la fin de l’année 2016. L’essentiel des chantiers a été mené pour faire de Maroclear un dépositaire central d’envergure en Afrique. Coeur de notre métier, le système d’information a fait l’objet d’un alignement sur les meilleurs standards internationaux en termes de résilience, de technologie et d’organisation fonc­tionnelle.

Par ailleurs, Maroclear a élargi son offre de services en proposant la dématérialisation des titres pour les sociétés non cotées. En parallèle, le plan triennal a positionné Maroclear dans une dynamique de chan­gement, qui a commencé par le renforcement de sa gouvernance, la mise en place d’une communication claire, transparente et pédagogique, la redéfinition de l’organisation RH et la mise en conformité avec les meilleurs standards pour répondre efficacement aux sollicitations de la place financière et à ses ambitions.

F.N.H. : Où en est justement Maroclear dans sa volonté de dématérialisation des titres des sociétés non cotées ? Des freins existent-ils ?

F. B. : Le développement continue. Après l’Associa­tion professionnelle des sociétés de Bourse (APSB), le mémorandum d’entente pour la commercialisation de la dématérialisation des titres est en cours de signature avec le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM). Dès lors, le démarchage des sociétés non cotées les plus intéressées par ce service pourra débuter.

Il n’y a aucun frein au développement de ce service. La dématérialisation des titres pour les sociétés non cotées est un attribut essentiel pour une entreprise moderne, compétitive et ambitieuse. Ce service hisse toute entreprise vers les meilleures pratiques en termes de gouvernance et de gestion, grâce aux bénéfices qu'il apporte en termes de sécurité, de gain de temps, de réduction de coûts de gestion et de diminution de l’empreinte écologique.

Propos recueillis par Amine El Kadiri

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