◆ Sommées par Bank Al-Maghrib de renoncer à la distribution de dividendes cette année, les banques doivent trouver les outils juridiques et financiers pour négocier cette contrainte. Tour d’horizon.
Par A. Hlimi
Les établissements de crédits, ou plutôt leurs actionnaires, ne sont pas tous égaux face à la recommandation de Bank Al-Maghrib de ne pas distribuer de dividendes cette année pour faire face à la montée des risques.
Parmi ceux cotés, certains peuvent facilement revoir leurs prétentions quand d'autres auront des difficultés légales à revenir sur les décisions votées en assemblées générales.
Les 3 plus grandes cotées, Attijariwafa bank, Banque Centrale Populaire et Bank of Africa, n'ont toujours pas tenu leurs assemblées générales. Elles peuvent d'ici-là, à travers des communiqués de presse, informer le marché que la proposition de dividende publiée à l'occasion des résultats annuels, sera modifiée. Elles peuvent également, le jour de l'assemblée, voter un dividende différent de celui proposé initialement. Cela concerne davantage Attijariwafa bank et BCP, puisque BoA prévoit de convertir le dividende 2019 en actions, ce qui va dans le sens de la recommandation de Bank Al-Maghrib.
Les compagnies d'assurances ont procédé de la sorte quand le régulateur du secteur a décidé de contrôler le taux de distribution des assureurs.
Quant aux autres banques dont l'assemblée générale a déjà voté le dividende 2019, en l'occurrence BMCI, Crédit du Maroc et CIH Bank, revenir en arrière est compliqué. Il est quasi-certain que BMCI ne fera pas évoluer le montant voté puisqu'elle a déjà renoncé, dès le début de la crise, à la distribution d'un dividende exceptionnel.
Mais les trois banques ont de la marge de manœuvre sur le mode de paiement. Consulté à l'occasion, un expert comptable travaillant sur cette problématique avec des banques de la place, nous précise qu'une nouvelle assemblée générale des actionnaires n'est pas suffisante pour annuler le dividende. «L'assemblée générale est souveraine et peut modi- fier beaucoup de points mais pas le dividende voté», explique-t-il.
Le dividende, en plus de devenir une dette au passif de la banque, devient un droit acquis aux actionnaires. Pour l'annuler, il faut donc un vote unanime de tous les porteurs de parts, autant dire que c’est mission impossible. «Il faut que 100% des droits de vote s'expriment pour l'annulation», explique notre source.
En revanche, les banques semblent se diriger vers une modification du mode de paiement pour privilégier le paiement en actions. Ceci permettra aux minoritaires d'empocher le dividende et aux banques de renforcer leurs fonds propres et limiter les impacts sur la trésorerie.
Reporter l'assemblée générale
C'est également un recours possible pour les établissements de crédit. Reporter autant que possible la tenue de l'assemblée générale pour avoir le plus de visibilité possible sur l'évolution de la situation économique et avoir plus de marge de manœuvre. Dernièrement, c'est Eqdom, société appréciée par les investisseurs pour son rendement dividende, qui a décidé de reporter son assemblée générale pour mieux appréhender le sujet.
«En vue de donner le temps nécessaire à l'étude de cette demande, et en dépit des ratios solides et de la nette progression des indicateurs financiers, le Conseil a décidé de reporter l'Assemblée générale ordinaire prévue initialement le 20 mai 2020 au 26 juin 2020», écrivait le management dans un communiqué. ◆