En juin dernier, les réserves de change du Maroc étaient au plus bas de 24 mois, ne dépassant pas les 206 milliards de dirhams, causant des pressions sur les liquidités bancaires et incitant la Banque centrale à intervenir en injectant des liquidités.
Situation qui avait poussé le wali de Bank Al-Maghrib à crier au loup et accuser opérateurs économiques et banques de spéculer sur la devise en pariant sur une baisse du Dirham.
Depuis, une partie de la baisse des réserves de change a été résorbée par les recettes touristiques estivales et de moindres pressions sur les flux IDE. Ainsi, au 13 septembre, date des dernières statistiques disponibles, ces réserves se sont élevées à 220 Mds de dirhams, en hausse de 14 Mds de dirhams sur 2 mois.
Cela dit, la baisse reste marquée sur l'ensemble de l'année 2017 : -11,8%. Ce chiffre assure au Maroc 5 mois et 14 jours d'importations de biens et services, ce qui représente un taux de couverture bien loin des 7 mois et 12 jours enregistrés à la même période en 2016.
Si le creusement du déficit commercial, la baisse des transferts et la hausse des IDE sortants, aux côtés des effets psychologiques et anticipations des opérateurs expliquent en grande partie la déconfiture du premier semestre, le deuxième semestre semble mieux démarrer.
Les recettes MRE se rattrapent et enregistrent à présent une hausse de 2,7% par rapport à la même période de l'an dernier. Les recettes touristiques, quant à elles, augmentent de 4,9%, ce qui représente 2,2 Mds de dirhams de réserves en plus.
Enfin, le flux des investissements directs étrangers (IDE) progresse de 27,6% ou 3,8 Mds DH de plus qu'à fin août 2016. A noter que les flux IDE profitent des effets de base étant donné qu'à la précédente période, les flux sortants étaient en forte hausse. Il a donc fallu que cette composante revienne à la normale pour voir les flux IDE s'afficher en hausse.
Spéculation : des conséquences inévitables
Abdellatif Jouahri, l'institution qu'il représente et l'Office des changes ne vont pas en rester là concernant la spéculation qui a été dénoncée en juin. Des instructions et des missions de contrôle sont toujours en cours chez les opérateurs économiques et, surtout, chez certaines banques de la place.
Des banquiers s'attendent à des sanctions qui devraient se chiffrer à «plusieurs dizaines de millions de dirhams par banque»
Et bien des banquiers s'attendent à des sanctions qui devraient se chiffrer à «plusieurs dizaines de millions de dirhams par banque», nous assure un banquier de la place bien au fait de ces missions.
Une chose est sûre : tout cela ne remet pas en cause la réforme du régime de change. Le Chef du gouvernement a d'ailleurs eu récemment l'occasion de le rappeler, alors que les banquiers estiment que ce n'est plus qu'une question de temps. «C'est maintenant une question de timing et non d'opportunité», disait Mohamed Benchâboun, PDG du Groupe Banque Centrale Populaire, en présentant les résultats semestriels de son Groupe.
Quoi qu'il en soit, le wali de Bank Al-Maghrib sera de nouveau très attendu sur cette question lors de son prochain Conseil monétaire programmé ce mardi 26 septembre, d'autant plus que la fenêtre de tir paraît idéale en ce moment.
C'est du moins ce que disait Nicolas Blancher, le chef de la mission de consultation du Fonds monétaire international (FMI), lors de sa dernière visite au Maroc en juillet. «Le Maroc est prêt à passer au régime de change flexible», a-t-il précisé, en indiquant que les prérequis sont réunis pour cette réforme «souveraine», d'autant que «les équilibres macroéconomiques sont retrouvés, les cadres de politique monétaire et économique sont renforcés et il n'y a pas d’exposition au risque de change, comme l'ont montré les différents stress tests effectués». Blancher estimait même que «les amortisseurs» sont suffisants, faisant référence aux réserves de change dont la situation ne serait pas «alarmante». ■
A.H