La ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a été interpellée lundi au Parlement sur l'usage grandissant des cryptomonnaies au Maroc, pourtant interdites par les autorités monétaires.
Par A. Hlimi
Une parlementaire USFP a interpellé la ministre sur ce que compte faire le gouvernement face à ces usages de plus en plus importants. Nadia Fettah Alaoui a tout de suite rappelé la position officielle du Maroc, exprimée de manière commune par le ministère des Finances, l'AMMC et Bank Al-Maghrib dans un communiqué en 2017, et dans lequel ils alertent sur les différents risques liés aux cryptomonnaies. Et d'ajouter que le Maroc suit également les recommandations du Groupe d'action financière (GAFI) en la matière, dont il est un pays membre et qui n'encourage pas l'adoption des crypto-monnaies.
Tout en rappelant l'interdiction, la ministre a souligné que le gouvernement travaille avec ses partenaires pour étudier l'intérêt d'un cadre légal pour ces cryptomonnaies. Bank Al-Maghrib avait indiqué en 2020 la constitution d'un comité chargé de la gestion d'un projet de monnaie digitale de Banque centrale. Récemment, le wali de la Banque centrale a avoué que le projet est à un stade très préliminaire et permettrait de contourner les aspects négatifs des cryptomonnaies, notamment le non adossement à une monnaie centrale et la traçabilité des transactions.
Le Maroc est le deuxième pays arabe et le 24ème mondial où les citoyens sont les plus actifs dans l'investissement en cryptomonnaies. «A mon avis, l’accroissement de la prise de conscience des avantages de la cryptomonnaie de la part des Marocains pourra contribuer efficacement à une utilisation massive, et sûrement à la légalisation ensuite. Parce que les autorités auront tout intérêt à encadrer l’usage et le rendre formel, avec tous les avantages qui vont avec (transparence, recettes fiscales, gestion des devises, etc.). La monnaie numérique facilite les transferts de fonds et les paiements à l’étranger, avec des coûts défiant toute concurrence», expliquait la semaine dernière Badr Bellaj, CTO de l’entreprise technologique Mchain et expert en la matière.
Pourquoi le Maroc dit non
Etant une activité non régulée, le ministère de l’Économie et des Finances, Bank Al-Maghrib et l’Autorité marocaine du marché des capitaux avaient attiré l’attention du public sur plusieurs risques, dont principalement l’absence de protection du consommateur, et plus précisément l’absence de protection règlementaire pour couvrir les pertes en cas de défaillance des plateformes d’échange.
Les régulateurs évoquent aussi l’absence d’un cadre juridique de protection spécifique des usagers de ces monnaies en rapport avec les transactions effectuées, surtout en cas de vol ou de détournement, et la volatilité du cours de change de ces monnaies virtuelles contre une devise ayant cours légal - les cours pouvant varier fortement à la hausse comme à la baisse, en très peu de temps, de façon imprévisible -. Il y a également, - et c’est la raison la plus évoquée par les États et les Banques centralesl’utilisation de ces monnaies à des fins illicites ou criminelles, notamment le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.