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Croissance économique et crédits à l’économie : Une très faible corrélation

Croissance économique et crédits à l’économie : Une très faible corrélation

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L’encours des crédits octroyés au secteur privé réel progresse tout juste de 1,5%, s’inscrivant en forte décélération par rapport aux évolutions antérieures. Les pronostics relatifs à la croissance économique en 2015 semblent tous orientés vers un taux oscillant autour de 5,4%, contre une hausse d’à peine 2,4% en 2014. On en déduit que les crédits accordés, que ce soit à court, moyen ou long terme, n'influencent pas de manière significative le PIB réel.

L’analyse des liens entre demande de crédit et croissance économique n’est pas aussi simple qu’elle y paraît. Certains économistes défendent fortement l’idée selon laquelle les évolutions de l’offre de crédit et de l’activité seraient étroitement corrélées. En revanche, d’autres travaux théoriques et empiriques récents prétendent une certaine déconnexion entre l’évolution de la demande de crédit et celle du PIB. On s’intéresse,

à juste titre, dans cet article, à la relation existante entre l’évolution du taux de croissance économique et celle des crédits octroyés pour le financement de l’économie.

Tous les pronostics relatifs à la croissance économique en 2015 semblent orientés vers une seule hypothèse, à savoir un taux oscillant autour de 5,4%, contre une hausse d’à peine 2,4% en 2014. Une hausse de 5,4 % devrait se traduire en principe sur le volume des crédits distribués pour financer les besoins additionnels qui résultent de cette hausse de croissance : la croissance économique augmente les besoins à financer (investissement, consommation), améliore la solvabilité des agents économiques et, en conséquence, devrait accroître la demande de crédit. En somme, les crédits octroyés à court, moyen et long termes par les banques au secteur privé permettent de financer l’investissement, qui se veut un facteur primordial du développement économique. En résumé, ces crédits influencent la croissance au travers du canal de l'investissement. Il existe donc, de ce fait, une relation positive entre ces deux concepts de telle sorte que lorsque le crédit croît, la croissance croît de manière proportionnelle.

Or, l’analyse des premiers mois de l’année en cours met en évidence quelques réalités.

Analysé par branche d’activités, le flux additionnel du crédit, en glissement annuel, n’est que de 21,5 Mds de DH contre plus de 37 Mds de DH un an plus tôt, soit à peine une progression de 2,9%, contre 5,3% un an auparavant. Cet additionnel revient essentiellement aux activités relevant du secteur tertiaire, dont la part dans le total représente plus de 75%. La part du secondaire dans le total est de 3,2 Mds de DH, soit 14,92%, profitant pour l’essentiel à trois branches d’activités «électricité, gaz et eau». «A l’exception de ces dernières, les autres affichent des inversions

de tendances préoccupantes», apprend-on dans la dernière note de la DPEF. En ce qui concerne le secteur primaire, constitué essentiellement des activités agricoles et de pêche, les financements supplémentaires ont fortement augmenté pour atteindre plus de 2 Mds de DH, contre seulement

0,6 Md de DH un an plus tôt.

Des investissements à faible valeur ajoutée

Les financements nouveaux, qui ont atteint 15,3 Mds de DH au courant de cet exercice, ont profité essentiellement à l’immobilier 41%, du total, suivi de la consommation (31,6%). A elles seules, ces deux rubriques s’adjugent 72,6% du total des flux de crédit.

Les autres rubriques ont vu carrément leurs parts chuter. A titre d’exemple, l’équipement représente 9,2% du total pour un flux de 1,4 Md de DH. Ajoutons à ces chiffres le flux supplémentaire des créances en souffrance qui représente 47,7% du total des financements accordés par le système bancaire.

Il ressort également de l’analyse des chiffres que l’encours des crédits octroyés au secteur privé réel progresse d’à peine 1,5% s’inscrivant en forte décélération par rapport aux évolutions antérieures. Il apparaît de cette analyse l’absence de concordance entre, d’une part les activités réelles, qui enregistrent une hausse devant dépasser les 5%, et les flux de financement, qui accusent des baisses parfois importantes, notamment ceux mobilisés en faveur des entreprises privées. Une question mérite d’être posée : quels sont les effets de cette croissance économique sur l’entreprise privée, censée être un moteur de développement.

Les chiffres nous montrent que de manière réelle, les crédits accordés au secteur, que ce soit à court, moyen ou à long terme n'influencent pas de manière significative le PIB réel.

S. Es-siari

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