Bank Al-Maghrib prévoit une croissance de 0,7% en 2022 pour une inflation de 4,7%.
La faible pluviométrie explique ce scénario pessimiste.
Par A. Hlimi
Bank Al-Maghrib a annoncé cette semaine un statu quo sans surprise sur sa politique monétaire. Une décision qui a fait l'unanimité au sein du Conseil, dont les membres se sont tout de suite rangés du côté de l'argumentaire de Abdellatif Jouahri. Ce dernier affirme que l'inflation devrait atteindre 4,7% en 2022, avant de retrouver un niveau normatif en 2023 à 1,9%.
De plus, les répercussions de la mauvaise campagne agricole et la guerre en Ukraine sont également des arguments présentés pour ce statu quo, car toute hausse du taux directeur pourrait stopper une reprise économique déjà fragile. Et, justement, la croissance a été la grande surprise de ce Conseil.
Bank Al-Maghrib voit le PIB s'apprécier de tout juste 0,7% cette année. Une prévision très en deçà des attentes et qui s'explique, selon BAM, par la sécheresse qui se matérialise par un déficit pluviométrique de 57,2% au 10 mars. Une révision de cette prévision à la hausse est possible si les conditions s'améliorent avec les dernières précipitations. Abdellatif Jouahri a d'ailleurs insisté sur le caractère incertain de la situation que l'on vit : «Les incertitudes sont à un niveau très élevé, plus encore que durant la pandémie», a-t-il dit.
Reprise des échanges extérieurs
Après une expansion de 24,3% en 2021, les exportations devraient s’améliorer de 12,5% en 2022 et de 3,4% en 2023, tirées principalement par l’augmentation des ventes de la construction automobile et par la hausse de celles des phosphates et dérivés. Les importations s’accroitraient pour leur part de 14,9% en 2022, après 24,5% en 2021, consécutivement à un alourdissement de 58,3% de la facture énergétique et à l’augmentation des acquisitions des produits agricoles et alimentaires, et des biens de consommation.
En 2023, la hausse des importations se limiterait à 1,1%, sous l’effet notamment d’un allègement prévu de la facture énergétique. Tout en restant à des niveaux inférieurs à ceux d’avant crise, les recettes de voyage connaîtraient une reprise graduelle, passant de 34,3 milliards de DH en 2021 à 47 milliards en 2022 et à 70,9 milliards en 2023. Après un niveau exceptionnel de 93,3 milliards de DH enregistré en 2021, les transferts des MRE devraient retrouver progressivement leur niveau d’avant crise, revenant à 79,3 milliards en 2022 et à 70,8 milliards en 2023. Dans ces conditions, le déficit du compte courant se creuserait à 5,5% du PIB en 2022, après 2,6% du PIB en 2021, avant de s’alléger à 3,7% en 2023. Une réflexion sur une nouvelle LPL est possible S’exprimant sur les options disponibles pour le financement du Trésor cette année, en marge de la hausse des taux US, le wali de Bank Al-Maghrib a évoqué une nouvelle Ligne de précaution et de liquidité (LPL) comme une option crédible.
«Le Trésor va comme chaque année étudier ses options et chercher le meilleur moment pour engager sa sortie à l’international. Maintenant, le Trésor peut aussi réfléchir à autre chose. Comme une nouvelle LPL. Cette option se pose plus qu’avant, puisque le choc est là avec le conflit russo-ukrainien et ses conséquences sur les matières premières». Sur ce registre, le déficit budgétaire devrait, selon BAM, évoluer en ligne avec la Loi de Finances, à la faveur d’une mobilisation exceptionnelle des ressources à travers notamment les mécanismes de financement spécifiques et les recettes de monopole. Bank Al-Maghrib vient confirmer ainsi les prévisions du gouvernement qui, selon le ministre du Budget, Fouzi Lekjaa, devrait être capable de faire face au glissement du budget de compensation. Selon Abdellatif Jouahri, les ressources mobilisées à travers les financements innovants atteindront 20 Mds de dirhams contre 12 Mds budgétisés, et les recettes des monopoles permettront de mobiliser 4 Mds de dirhams supplémentaires grâce notamment aux bonnes performances commerciales attendues par l’OCP.